Ces 13 communes de la Sainte-Baume s'engagent pour une gestion forestière durable

L’engagement est fort et doit répondre à des exigences. Il s’inscrit dans le temps et dans une chaîne. Chaque maillon – des propriétaires aux utilisateurs – apporte sa pierre à l’édifice de la préservation de l’environnement, de l’équilibre de la biodiversité. L’ensemble des acteurs porte aussi des valeurs éthiques et sociales. Sous l’impulsion du Parc naturel régional (PNR) de la Sainte-Baume, dix nouvelles communes ont adhéré à la certification PEFC (1) pour une gestion forestière durable. De trois en 2018 (La Roquebrussanne, Tourves et Saint-Zacharie), elles sont maintenant treize (2) certifiées représentant 70% (6.500ha) de la surface forestière communale du territoire. À ces parcelles, s’additionnent celles – depuis plus de vingt ans adhérentes – des forêts domaniales (État), des Espaces naturels sensibles des Bouches-du-Rhône (département du 13) et 10.000ha de forêts privées. Au total, 24.800ha du PNR sont estampillés PEFC soit près de 30% de la surface forestière du parc (22% en 2018).
Un cahier des chargesChaque propriétaire foncier doit avoir un document de gestion durable (orientations, diagnostic, calendrier de travaux…) et se conformer au cahier des charges de la certification. Ils s’engagent notamment selon les zones à ne pas faire de coupe rase ou les limiter à 5ha, et à un renouvellement forestier. "Il y a tout un volet sur la préservation de la biodiversité, d’îlots de vieillissement, de sénescence de bois morts…", précise Stéphanie Singh, chargée de mission forêt énergie au PNR. L’objectif est de respecter la chaîne du cycle animal ou encore la fertilisation naturelle des sols. "PEFC travaille aussi sur le respect de l’équilibre forêt-gibier."
Il s’agit par ailleurs d’avoir une approche sensible au niveau des paysages "dans le traitement des lisières, en conservant des bouquets…" Et l’utilisation d’herbicide, de produits phyto-pharmaceutiques, d’OGN est proscrite et le recours à des fertilisants limité.
"Pour les forêts communales, il y a un enjeu de multifonctionnalité: préservation de la qualité de vie des habitants, de l’environnement… Il y a vraiment des actes de gestion à accomplir pour que les forêts soient en bonne santé et remplissent tout leur rôle."
Les propriétaires sont libres de choisir la destination de leur bois: pour le chauffage (feuillus), la pâte à papier ou bois énergie (résineux). Très peu sur le territoire sont consacrés au bois d’œuvre.
Formation, sécurité…Deuxième maillon, les entreprises d’exploitation forestière doivent aussi respecter une liste de règles au niveau de la formation, de la sécurité du personnel, du bon état de fonctionnement du matériel… De plus, elles doivent être dotées d’un kit anti-pollution et la traçabilité sur les volumes de bois est impérative, comme tout au long de la chaîne.
Des contrôles aléatoires sont réalisés – par tirage au sort – auprès des propriétaires. Et sur les chantiers des exploitants, "pour voir si les arbres ont bien été abattus, si les restants n’ont pas été abîmés, s’il n’y a pas de tache d’huile sur la coupe, si au niveau du sol il n’y a pas de grosses ornières…"
Autres maillons de cette chaîne, les transformateurs, en premier lieu les scieries, puis les menuisiers, charpentiers… "Ils sont audités tous les ans par un organisme indépendant", à l’instar des papeteries, imprimeries et les centrales biomasse de Brignoles et Gardanne, certifiées PEFC. "Chaque adhérent a son propre numéro de certification. On peut ainsi tracer le bois."
L’engagement des adhérents peut-être valorisé à plusieurs niveaux : dans les marchés publics — le PNR par exemple demande la certification dans des appels d’offres –, pour obtenir des aides financières dans le cadre de travaux forestiers, l’utilisation de la marque dans la communication… En bout de chaîne, les utilisateurs ont de fait des garanties sur l’origine du produit.
1. PEFC: Programme for the endorsement of forest certification ou en français, programme de reconnaissance des certifications forestières.
2. Belgentier, Cuges-les-Pins, Gémenos, La Cadière-d’Azur, La Roquebrussanne, Le Beausset, Pourcieux, Pourrières, Riboux, Saint-Zacharie, Signes, Tourves et Trets.
Créée en 1992, l’association PEFC présente dans plus de cinquante pays, se décline au niveau national et territorial notamment en Provence Alpes Côte d’Azur.
En France, 8,2 millions d’hectares sont certifiés PEFC dont 469.700 dans la région. Près de 79.000 propriétaires (1.150 de la région) et 3.250 entreprises de la filière forêt - bois - papier (174 de la région) ont adhéré.
Var-Matin