Colère des agriculteurs : « On ne peut pas accepter ça », des autoroutes à nouveau bloquées dans le Nord

Ils s’estiment trahis. Des agriculteurs ont bloqué des autoroutes dans le Nord ce lundi pour réclamer l’assouplissement de réglementations que leur avait promis le précédent gouvernement. Une loi en ce sens doit bientôt être examinée à l’Assemblée nationale mais les parlementaires, divisés sur la question, pourraient la faire capoter.
L’autoroute A1 entre Lille et Paris était fermée dans les deux sens à Seclin depuis le milieu d’après-midi par plusieurs dizaines de tracteurs, dont certains arborent des écriteaux « Macron trahison », « ras le bol des normes » ou encore « laissez-nous travailler librement ».
L’autoroute A2 ralliant Bruxelles était également fermée dans les deux sens au niveau de Marly, près de Valenciennes (Nord), ainsi que l’A25 reliant Lille à Dunkerque, a indiqué la préfecture, recommandant « très fortement » de reporter ses déplacements routiers.
Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a appelé mi-mai à « de nouvelles actions » à partir du 26 mai, jour où doit débuter à l’Assemblée l’examen de la proposition de loi des sénateurs LR Laurent Duplomb et Union centriste Franck Menonville censée lever certaines « contraintes » pesant sur les agriculteurs.
Le texte prévoit notamment de faciliter le stockage de l’eau, l’accès aux pesticides ou l’agrandissement des élevages, mais certaines propositions ont été retoquées en commission.
Les nombreux amendements au texte, « au lieu de simplifier, comme ça avait été promis, vont complexifier les choses, pire qu’avant », a estimé Bérengère Chombart, agricultrice à Fournes-en-Weppes, où elle produit betteraves, pommes de terre, blé ou petit-pois, venue manifester sans attendre le 26 mai. « On ne peut pas accepter ça. »
Elle critique notamment les mesures encadrant le stockage d’eau, alors que le Nord est en vigilance sécheresse depuis vendredi. D’autres s’inquiètent d’un agrandissement de la zone de non-traitement dans laquelle les produits phytosanitaires sont interdits à proximité des habitations.
« On fait l’agriculture la plus saine du monde et malgré ça, on nous met encore plus de contraintes », a affirmé Christophe Catteau, venu de Wattrelos, dans la métropole lilloise, à l’appel de la FDSEA. « L’an dernier, il y avait de l’écoute et du bon sens » mais avec le changement de gouvernement « tout a été détricoté. On vit ça comme une trahison », a-t-il ajouté.
« On est motivés parce qu’on a vraiment été pris, pour être franche, pour des cons, par rapport aux manifestations qu’on avait faites l’année dernière », a expliqué la secrétaire générale FDSEA 59, Caroline Delepierre.
Les décideurs « ne se rendent pas compte de tous les sacrifices qu’on fait à longueur d’année pour répondre aux chartes, aux protocoles (…), les normes », a lancé Sébastien de Conninck, maraîcher de 33 ans produisant fraises et endives à Beuvry-la-Forêt (Nord), affirmant : « On nous en met toujours plus. »
Le Parisien