Connue pour être la première viticultrice à être passée au bio à La Crau: Béatrice Lambert décroche une médaille nationale

Elle fait partie de cette armée d’agriculteurs dont le nom ne trône pas sur une étiquette, mais qui alimentent et font vivre les coopératives. À 46 ans, Béatrice Lambert vient d’être faite chevalière dans l’ordre national du Mérite agricole, pour avoir notamment été la première viticultrice du Cellier de La Crau à être passée en bio, en 2019. Elle est aussi connue comme productrice de figues bio, qu’elle vend, toujours en gros, à la Copsolfruit de Solliès-Pont.
Issue d’une famille d’agriculteurs depuis au moins sept générations, elle a pourtant été rattrapée in extremis par la vocation. Voulant lui épargner la dureté de ce métier, "mon père m’a toujours dit, “ne fais pas agricultrice, fais fonctionnaire!", se souvient-elle. Il pensait aussi qu’avec deux filles, la destinée familiale allait s’arrêter ». Ce qui nous rappelle que les femmes agricultrices n’étaient pas si nombreuses, il y a encore vingt ans.
Handballeuse de haut niveauHandballeuse de haut niveau, la jeune fille passe alors sa licence Staps pour devenir prof de sport. "Mais ni les collectivités territoriales, ni l’Éducation nationale n’avaient de place pour moi, à ce moment-là. À 28 ans, quand mon père a pris sa retraite, je me suis retrouvée à cueillir la bourjassotte ". Ou encore figue violette AOP pour les néophytes.
Vêtue de chemise longue, pantalon, casquette, gants en plein été pour ne pas se prendre de lait de figue "hyper urticant", sur la peau, elle se frotte à la pénibilité du ramassage de ce fruit fragile. "Une technique qui n’évoluera jamais, car il faut le prendre à la main ". Elle décide pourtant de passer tout de suite en agriculture biologique dès 2007, ce qui implique d’accepter de perdre 25% de ses récoltes. "Je suis très proche de la nature, tuer les animaux m’a toujours gênée", explique-t-elle, en parlant des insectes.
"Pour la vigne, on m’avait dit que ce serait trop compliqué de passer en bio. Mais à force, je me suis dit que ce n’était pas possible de ne pas le faire. C’est plus dur, plus mécanique, il a fallu investir dans des machines et on fait le débourgeonnage à la main. Avec mon mari, on fait tout de A à Z ".
Ses figuiers à la téléMais elle ne regrette pas, et vient de reprendre les vignes de sa sœur. Même si cette année, à cause de la crise du vin, "les coopérateurs ont perdu énormément de rémunérations, comme dans toutes les caves ", explique celle qui est administratrice dans ses deux coopératives et vice-présidente du Syndicat de défense de la figue de Solliès. Ils sont aujourd’hui cinq exploitants à participer à la cuvée bio, rouge et rosé dénommée "Bon pin" du Cellier de La Crau. Béatrice Lambert développe aussi ses figuiers, qui ont déjà fait les beaux jours de Tous en cuisine, La meilleure boulangerie de France, ou encore des JT nationaux du petit écran.
Var-Matin