Croissance : la Banque de France abaisse sa prévision à 0,6 % en 2025
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Plus les mois passent, plus les anticipations sur l’activité économique française s’étiolent. «C’est une croissance au ralenti, mais sans récession», décrit le directeur général des statistiques et des études à la Banque de France, Olivier Garnier. Pour la troisième fois d’affilée, l’institution revoit à la baisse ses prévisions de croissance du produit intérieur brut (PIB) dans sa note de conjoncture publiée ce mercredi 11 juin. Elle n’attend plus qu’une légère progression de 0,6 % cette année (comme la Commission européenne en mai), alors qu’elle escomptait 0,7 % dans ses projections de mars (sur lesquelles s’était appuyé le gouvernement Bayrou pour réviser ses propres hypothèses), 0,9 % dans celles de décembre et même 1,2 % dans celles de septembre… Pour les années suivantes également, elle est moins optimiste que précédemment, avec une croissance à 1 % en 2026 puis à 1,2 % en 2027. De quoi compliquer encore un peu plus la préparation du budget pour 2026 par le gouvernement Bayrou.
Ces nouvelles dégradations ont beaucoup à voir avec la politique commerciale trumpiste et ses relèvements intempestifs des droits de douane et avec le haut niveau d’incertitude qui entoure l’activité économique mondiale. Même si la France est relativement épargnée, cela lui coûterait, sur trois ans, 0,4 point de PIB. «L’effet de l’incertitude est plus important que l’effet direct des tarifs sur trois ans», souligne Olivier Garnier. Et encore, les hypothèses prises en compte et arrêtées au 21 mai (deux jours avant la menace de droits de douane à 50 % brandie par Trump) sont plutôt optimistes : elles misent sur une absence d’escalade avec le président des Etats-Unis. Sont ainsi intégrés des droits de douane dits «réciproques» de 10 % sur les exportations de l’Union européenne sans mesures de représailles, ainsi que les mesures sectorielles déjà en vigueur, telles que les 25 % de taxes sur l’acier et l’automobile.
Dans un scénario alternatif dit «sévère», avec des droits de douane sur les produits européens à 20 % et des mesures de rétorsion de la même ampleur sur les produits américains, le coût serait plus élevé pour l’activité française, 0,3 point de PIB en moins dès cette année et autant la suivante. Ce qui ramènerait la croissance à un minuscule 0,3 % cette année puis à 0,7 % l’an prochain. Sans conséquence notable, en revanche, sur l’inflation.
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Dans le scénario «central», si les exportations sont attendues en fort ralentissement «sous l’effet de la hausse des droits de douane américains, de la baisse de la demande adressée extra-zone euro et l’appréciation du taux de change», la demande intérieure française tiendrait à peu près le coup en changeant de composition. «La moindre contribution de la demande privée serait compensée par une demande publique plus élevée», prévoit la note de conjoncture.
La consommation des ménages resterait quand même «le principal moteur de la croissance» d’ici à 2027, bien qu’encore moins vigoureuse cette année. Elle est attendue en hausse de 0,7 % contre 0,9 % l’an dernier. Le taux d’épargne des ménages ne devrait pas de sitôt retrouver ses niveaux plus bas d’avant la pandémie. Après 18,2 % du revenu disponible brut des ménages en 2024, ce taux serait de 18,1 % cette année, de 17,4 % en 2026 et de 16,8 % en 2027. «Il s’agit d’un effet comptable, considère Olivier Garnier. Il faut éviter d’interpréter les mouvements des taux d’épargne comme reflétant le comportement des ménages.»
Quant à l’inflation, elle resterait basse. L’indice des prix à la consommation harmonisé (qui sert de base aux comparaisons internationales) ne serait que de 1 % cette année, en raison du repli prononcé des prix de l’énergie. Pour la Banque de France, la progression du taux de chômage devrait être contenue, passant de 7,4 % en 2024 à 7,6 % de la population active cette année, 7,7 % l’an prochain puis 7,4 % en 2027. De meilleures perspectives qui seraient liées à un moindre rattrapage des pertes de productivité passées.
Libération