Des mendiants déguisés à Cuba ? La ministre du Travail contrainte à la démission

Après avoir soutenu qu’il n’y avait “pas de mendiants” sur l’île de Cuba, la ministre du Travail a présenté sa démission, mardi 15 juillet. Ses propos ont provoqué une vague d’indignation dans un pays confronté à sa pire crise économique et sociale depuis des décennies.
Ces propos ont été tenus par la ministre du Travail et de la Sécurité sociale cubaine, Marta Elena Feitó, lundi 14 juillet, lors d’une intervention devant une commission parlementaire. Mise sous pression par ces déclarations polémiques, la ministre a présenté moins de vingt-quatre heures plus tard sa démission, rapidement “acceptée” par le Conseil d’État et le Bureau politique du Parti communiste de Cuba (PCC), comme le rapporte CiberCuba.
Dans un communiqué relayé par la même source, le PCC précise que la décision de la ministre a été prise “après une analyse conjointe entre la direction du parti [PCC], le gouvernement et la ministre en personne”, cette dernière ayant “reconnu ses erreurs”.
Dans un article d’El País América, la journaliste cubaine Carla Gloria Colomé, souligne que les déclarations de Feitó ont déclenché une “vague” d’indignation sur l’île comme au sein de la diaspora. Elles ont même conduit le président cubain, Miguel Díaz-Canel, à “reconnaître publiquement” la vulnérabilité dans laquelle se trouve une grande partie de la population cubaine.
Pour le média indépendant La Joven Cuba, les propos de la ministre démissionnaire témoignent du fossé qui sépare “ceux qui devraient garantir l’emploi” et la “réalité quotidienne du pays”, marqué par une pauvreté croissante et une perte du pouvoir d’achat. Le site d’information rappelle qu’à ce jour le salaire minimum reste inférieur à 2 400 pesos cubains (environ 8 euros, en taux de change sur le marché parallèle).
Dans une publication sur X citée par CiberCuba, le président Díaz-Canel a réagi sans nommer directement la ministre. Il a déploré un “manque de sensibilité face à la vulnérabilité” et rappelé que “la révolution ne peut laisser personne de côté”, en écho à la devise de Cuba.
Cuba fait actuellement face à sa pire crise depuis les années 1990. Lundi 14 juillet, le gouvernement a reconnu que l’économie du pays était “en chute libre”, avec une contraction du produit intérieur brut de 1,1 % en 2024, rapporte un autre article de CiberCuba. Le gouvernement a également souligné que Cuba peinait toujours à garantir l’accès “aux ressources les plus élémentaires” telles que la nourriture et le carburant. En raison de la crise sévère que traverse l’État insulaire, plus de 250 000 Cubains ont quitté le pays en 2024, selon l’Office national de la statistique et de l’information (Onei).
Courrier International