Électricité : Enedis lance l’alerte face aux fraudes aux compteurs Linky

« Depuis trois ans, nous avons constaté plus de 100 000 compteurs trafiqués et c’est en nette augmentation », s’alarme devant la presse Bertrand Boutteau, directeur des opérations de lutte contre la fraude chez Enedis. Le gestionnaire affirme que ces fraudes lui coûtent « plusieurs centaines de millions d’euros par an ».
Mardi, Enedis a lancé une opération nationale de lutte contre la fraude avec à la clé un total de 121 contrôles simultanés, principalement en zone urbaine. « Nous n’avons pas de profil type du fraudeur ni de zones plus propices, tout le monde est concerné », explique Bertrand Boutteau.
Le système de dérivation qui permet de détourner la consommation d’électricité est complexe à mettre en place, mais une fois placé sur le compteur, il permet de dissimuler environ deux tiers de sa consommation d’énergie.
Les compteurs Linky étant connectés, les équipes d’Enedis sont averties dès qu’une personne intervient sur l’appareil. Et si ensuite l’entreprise constate une baisse drastique de la consommation, elle va suspecter une fraude puis intervenir.
« Ici, on voit que le restaurateur a inversé ce câble qui permet de soustraire une grande partie de sa consommation. Normalement, il consomme 85 kilowattheures par jour, et depuis mai 2024, on s’aperçoit qu’il n’est qu’à 25 par jour », constate Damien, technicien pour Enedis, lors d’un contrôle mené devant des journalistes à Rueil-Malmaison, à l’ouest de Paris, sur le compteur trafiqué d’une grande chaîne de restauration.
Ces fraudes ont explosé depuis 2022 avec l’augmentation du coût de l’énergie, mais aussi en raison de la diffusion sur les réseaux sociaux de vidéos avec des techniques pour baisser sa consommation en manipulant les boîtiers Linky, selon Enedis.
Sur internet également, de nombreuses offres proposent des services d’un « spécialiste » pour trafiquer son compteur, ou bien certains vendent des scellés imitant ceux posés par l’entreprise.
« C’est un véritable fléau », souligne Laurence Magliano, porte-parole d’Enedis, « chaque année, c’est l’équivalent de la consommation en électricité de la Charente qui est fraudée ». « Nous contactons les plateformes et leur demandons de modérer ces contenus, mais nous devons renforcer cette partie de notre action », concède Bertrand Boutteau.
Quelles sanctions ?Une fois la fraude constatée, Enedis demande au fraudeur de payer son dû, et transmet une plainte groupée au procureur de la République qui pratique « la tolérance zéro » selon l’entreprise. Enedis ne communique pas le nombre de plaintes ayant abouti, mais les fraudeurs risquent jusqu’à 75 000 euros d’amende et cinq ans d’emprisonnement.
SudOuest