Elu plusieurs fois meilleur prévisionniste au monde, Christophe Barraud décrypte depuis Monaco la situation économique aux Etats-Unis, en Europe et en Chine

Régulièrement désigné meilleur prévisionniste au monde par Bloomberg pour la Chine, les États-Unis et la zone Euro, l’expert Christophe Barraud a livré une analyse de la situation macroéconomique, qualifiée "d’extrêmement agitée et volatile". Invité par le Monaco Economic Board, l’économiste français s’est risqué à l’exercice en trois temps, dans une période compliquée à lire pour les prévisionnistes de l’économie.
La ChineEn Chine, "le premier trimestre 2025 a été plutôt bon, puisque la croissance en rythme annuel était similaire au quatrième trimestre, soit 5,4% de croissance". L’économiste note que la consommation a été robuste. Et semble indiquer que les stimuli du gouvernement pour relancer cette consommation et favoriser le tourisme et le développement des infrastructures semblent commencer à porter leurs fruits dans un contexte où les exportations sont menacées par les tensions avec les États-Unis. Enfin, l’immobilier, "l’un des principaux freins de l’économie depuis bientôt cinq ans, commence à émettre des signaux positifs". C’est l’une des raisons qui conduit Christophe Barraud à envisager une croissance plus optimiste que le consensus pour la Chine avec +5,4% en 2025. Et ce d’autant qu’un premier accord entre les deux premières puissances mondiales vient d’être conclu, ce qui devrait éviter aux États-Unis d’entrer en récession.
Les Etats-UnisConcernant les États-Unis, le PIB s’est contracté de 0,3% au premier trimestre. Un phénomène dû à l’anticipation des droits de douane avec "des importations stratosphériques. Cependant, si on se concentre sur le cœur de la croissance qui prend en compte la consommation et les investissements, on est à 2,6%, ce qui est relativement satisfaisant malgré toute l’incertitude de ce premier trimestre." Bien que Donald Trump soit prêt à faire des deals, "de nouvelles annonces de droits de douane sectoriels sont attendues, ça va rester volatile" prévient l’économiste. Cependant, le président qui a vu sa cote de popularité chuter devrait assouplir ses positions et annoncer des baisses d’impôts pour relancer la consommation qui risque d’être touchée par un retour de l’inflation.
L’EuropeChristophe Barraud voit deux raisons qui vont éviter à l’Europe de s’écrouler malgré l’incertitude et les droits de douane. D’abord "une politique monétaire beaucoup plus accommodante" avec une baisse des taux qui favorise les crédits privés et donc la croissance. Mais surtout, ce sont les fonds débloqués pour la défense qui devraient soutenir l’activité, "on parle de 800.000 milliards d’euros sur les quatre prochaines années".
À cela s’ajoute l’annonce faite par l’Allemagne de stimuler par des mesures fiscales des investissements vers les infrastructures, pour 500.000 milliards d’euros sur 12 ans. "En termes d’impact et de stimulus [...], ce qui a été fait est considérable pour un pays qui avait un dogme sur la dette et où l’on ne souhaitait pas dépenser." Si 2025s’annonce difficile, la locomotive économique européenne devrait redémarrer assez nettement en 2026 prévoit Christophe Barraud. Il s’est montré plus pessimiste concernant la France, notamment en raison d’une dette qui ne cesse de croître, l’économiste regrettant une tendance "à augmenter les impôts plutôt qu’à réduire les dépenses inutiles."
Nice Matin