États-Unis. Droits de douane : après la surenchère de Trump, l'UE temporise sa riposte dans l'espoir d'un accord

La présidente de la Commission européenne a déclaré ce dimanche que Bruxelles allait prolonger la suspension des contre-mesures aux droits de douane américains sur l'acier et l'aluminium.
Après la relance des tensions commerciales par Donald Trump samedi, l'Union européenne temporise et cherche un accord pour éviter une taxe de 30 % sur tous ses produits. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a ainsi annoncé ce dimanche que Bruxelles allait prolonger la suspension des contre-mesures aux droits de douane américains sur l'acier et l'aluminium. « Les États-Unis nous ont envoyé une lettre avec des mesures qui entreraient en vigueur sauf s'il y a une solution négociée, c'est pourquoi nous prolongerons également la suspension de nos contre-mesures jusqu'au début du mois d'août », a déclaré Ursula von der Leyen.
L'UE préfère « une solution négociée »La suspension de ces représailles aux droits de douane américains sur l'acier et l'aluminium devait expirer dans la nuit de lundi à mardi. « En même temps, nous continuerons de préparer des contre-mesures afin d'être pleinement prêts », a-t-elle ajouté au lendemain de l'annonce par le président américain de l'entrée en vigueur le 1er août de droits de douane de 30 % sur tous les produits de l'Union européenne et du Mexique. La présidente de la Commission européenne a insisté sur le fait que l'UE a « toujours été très claire sur le fait que nous préférons une solution négociée. Cela reste le cas, et nous utiliserons le temps dont nous disposons maintenant jusqu'au 1er août ».
Bruxelles a préparé des droits de douane sur des produits américains d'une valeur d'environ 21 milliards d'euros, en réponse aux droits de douane de 25 % imposés par Donald Trump sur les importations d'acier et d'aluminium plus tôt cette année. Mais elle a annoncé en avril suspendre ces mesures pour laisser la place à un accord commercial plus large avec l'administration Trump.
« Notre main reste tendue »Les ministres du commerce de l'UE doivent se réunir lundi à Bruxelles pour discuter de leur réponse à la dernière initiative de Donald Trump, et surtout de la fermeté de la position à adopter face à Washington. Le ministre allemand des Finances Lars Klingbeil a fait valoir dimanche, dans le journal Sueddeutsche Zeitung, que des « négociations sérieuses et orientées vers des solutions » avec les États-Unis étaient encore nécessaires, mais qu'en cas d'échec, l'UE aurait besoin de « contre-mesures décisives pour protéger les emplois et les entreprises en Europe ». « Notre main reste tendue, mais nous n'accepterons pas n'importe quoi », a-t-il poursuivi. Une prise de parole qui intervient après que le président français Emmanuel Macron a exhorté samedi la Commission européenne, qui négocie au nom de tous les pays de l'UE, à « défendre résolument les intérêts européens ».
Depuis son retour à la présidence des États-Unis en janvier, Donald Trump a imposé des droits de douane fluctuants et généralisés sur ses alliés et ses concurrents, perturbant les marchés financiers et alimentant les craintes d'un ralentissement économique mondial. Mais son administration subit des pressions pour conclure des accords avec des partenaires commerciaux après avoir promis une série d'arrangements. Jusqu'à présent, les responsables américains n'ont dévoilé que deux accords, avec la Grande-Bretagne et le Vietnam, ainsi qu'une réduction temporaire des droits de douane avec la Chine.
L'UE, ainsi que des dizaines d'autres économies, devait voir son niveau de droits de douane américains augmenter à partir d'un taux de base de 10 % le 9 juillet, mais Donald Trump a reporté la date limite au 1er août. Dans une lettre publiée samedi, Trump a cité le déséquilibre commercial des États-Unis avec l'UE pour justifier les nouvelles taxes de 30 %. Ce taux est nettement plus élevé que celui de 20 % que Trump avait dévoilée en avril, avant de suspendre son application lorsque les marchés s'étaient effondrés.
Un « accord politique » dans les négociations commerciales entre l'UE et l'Indonésie
En parallèle ce dimanche, la présidente de la Commission européenne a annoncé un « accord politique » avec l'Indonésie sur la conclusion de négociations visant à assouplir les barrières commerciales, après avoir rencontré le président Prabowo Subianto à Bruxelles. « Nous vivons une période de turbulences et lorsque l'incertitude économique rencontre la volatilité géopolitique, des partenaires comme nous doivent se rapprocher. Aujourd'hui, nous faisons donc un grand pas en avant dans ce partenariat », a déclaré Ursula von der Leyen aux journalistes.
Le Bien Public