Face à la gentrification, Mexico prévoit de réguler le marché immobilier
Deux semaines après la première marche contre la gentrification à Mexico, la mairie de la capitale mexicaine a annoncé une série de mesures visant à encadrer le marché locatif, en particulier celui des plateformes d’hébergement. Avec l’objectif de mettre fin à l’exode des habitants de certains quartiers vers des zones plus excentrées.
“Vivre à Mexico ne doit pas devenir un luxe”, a déclaré la maire de la capitale mexicaine, Clara Brugada. En réponse à la marche contre la gentrification qui s’est tenue le 4 juillet dernier, la mairie a présenté, mercredi 16 juillet, une série de mesures destinées à encadrer le marché locatif à un niveau “raisonnable”, rapporte La Jornada.
Cette initiative municipale intervient dans un contexte de tension autour des prix de l’immobilier, dopés par la présence croissante d’étrangers dans les quartiers centraux de la ville. Cette pression immobilière, en forte hausse depuis la pandémie de Covid-19, provoque le départ forcé de nombreux habitants, en particulier dans les quartiers emblématiques de Condesa, Roma et Doctores, transformés peu à peu en pôle d’attractivité touristique et résidentielle.
Citée par la version hispanophone de CNN, la maire de Mexico a précisé qu’une “méthodologie objective et rigoureuse serait mise en place afin d’encadrer les locations temporaires et éviter l’exode des habitants” de certains quartiers vers des zones plus excentrées, participant à la “perte de l’identité des communautés”.
“La gentrification est l’un des enjeux les plus importants de la ville, mais aussi dans le monde. Elle contribue au déplacement de milliers de familles.”
Cependant, selon El País América, la mise en œuvre du programme, ainsi que la présentation d’un éventuel projet de loi, sera précédée d’un large processus de concertation avec “les acteurs sociaux et politiques, les universités, les associations et les membres de la société civile”. Le journal hispanophone ajoute que le projet comprendra également des “négociations” avec l’initiative privée afin de lutter contre la spéculation foncière. Le quotidien relève toutefois un “manque de détails”, notamment sur la manière dont cette future loi entendra contrôler “l’activité des plateformes d’hébergement comme Airbnb”.
Bien que l’annonce semble pour l’heure bien accueillie, certaines voix s’élèvent pour faire part de leurs inquiétudes. C’est le cas de Mauricio Tabe, maire de l’arrondissement de Miguel Hidalgo, qui englobe le quartier très prisé de Polanco. Mentionné par Infobae, il a mis en garde contre les potentielles conséquences économiques du programme, estimant que l’encadrement du parc locatif risquerait de freiner l’investissement privé dans les secteurs de la construction et de l’immobilier dans la capitale.
Ainsi que le rapportait El Economista en septembre 2024, le tourisme de Mexico a, en 2022, dépassé les niveaux d’avant la pandémie, accusant une hausse de 103 % du nombre d’arrivées et de 117 % des dépenses touristiques par rapport à 2019.
Courrier International