Heures supplémentaires, droit à la déconnexion… Attention au suivi de la charge de travail

Le temps de travail des cadres continue à s’envoler, c’est l’un des enseignements du baromètre « Opinions et attentes des cadres 2025 » publié par l’Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens (Ugict)-CGT le 24 juin. 63 % des cadres déclarent travailler plus de 40 heures par semaine et 28 % disent même travailler plus de 45 heures par semaine.
Cette augmentation du temps de travail est particulièrement importante chez les cadres au forfait jours. En effet, 37 % des cadres au forfait jours déclarent travailler plus de 45 heures par semaine, soit 8 points de plus que la moyenne des répondant·es. Or ce dispositif de rémunération, au début cantonné aux seuls cadres dirigeants et basé sur le nombre de jours travaillés dans l’année, tend à toujours plus se développer.
En 2021, le Comité européen des droits sociaux avait pourtant déclaré le droit français contraire à la charte européenne des droits sociaux concernant la convention de forfait jours car celle-ci rend possible des durées de travail pouvant atteindre 78 heures par semaine.
Caroline Blanchot, secrétaire nationale de l’Ugict-CGT, plaide pour une évolution des accords sur le temps de travail. « S’il est concevable que les horaires de nombreux cadres ne puissent être déterminés a priori, rien n’empêche qu’ils soient comptabilisés a posteriori », souligne-t-elle.
La CFE-CGC invite, elle, plutôt à se saisir des accords sur le droit à la déconnexion. « Entre les outils numériques et le télétravail, le travail a tendance à déborder sur la vie personnelle, les accords sur le droit à la déconnexion peuvent permettre de développer des bonnes pratiques comme la mention « ce mail n’attend pas de réponse immédiate » qui permet d’éviter la pression du manager », souligne Nicolas Blanc, secrétaire national à la transition économique à la CFE-CGC.
Dans l’état actuel, si le droit du travail impose bien aux entreprises un suivi de la charge de travail, il reste la plupart du temps très insuffisant, presque symbolique. « Comme dans de nombreuses entreprises, ce suivi se résumait à une simple phrase lors de l’entretien annuel d’évaluation, nous avons fait adopter une motion en CSE indiquant que les conventions de forfait jours ne respectaient pas le cadre légal. Le syndicat a menacé d’une procédure en justice », raconte Fabrice Lallement, délégué syndical chez Soitec, une entreprise industrielle.
La convention peut être annulée, ce qui oblige l’entreprise à payer les heures supplémentaires effectuées. Mieux vaut donc bien noter les heures travaillées, même si on est en forfait jours, au cas où…
« La direction a accepté qu’au minimum un échange mensuel ait lieu entre le salarié et son manager et a communiqué auprès des salariés sur le suivi de la charge de travail. Nous invitons ceux-ci à objectiver leur charge de travail en décomptant le nombre d’heures consacrées à chaque projet, cela permet d’ajuster au plus près du travail réel et donne des arguments aux managers face à leur propre hiérarchie », se félicite-t-il.
L'Humanité