«Il veut éviter que les entreprises se fassent la malle» : Bruno Retailleau reçoit douze sociétés crypto pour parler sécurité
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Une réunion très privée et sous haute sécurité. Alors que les affaires d’enlèvement et de séquestration visant des entrepreneurs des cryptomonnaies s’enchaînent depuis le début d’année en France, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau reçoit ce vendredi 16 mai à partir de 9 heures les principaux acteurs du milieu pour «travailler à leur sécurité». Au total, 12 représentants de sociétés sont invités, d’après les informations de Libération. Tous attendent du ministre «une prise de position forte» et amènent sur la table un certain nombre de revendications.
«On sait bien que le ministre Retailleau ne va pas mettre un garde du corps derrière chaque entrepreneur», estime après de Libé une source proche de l’événement et du secteur des cryptos. Pour elle, l‘objectif du gouvernement avec cette invitation est d’abord politique : «Il s’agit de montrer qu’il se tient auprès des acteurs du secteur dans ce contexte difficile». Et aussi économique : «Il veut éviter que toutes les entreprises se fassent la malle».
Depuis le début de l’année, au moins cinq affaires d’enlèvement, de tentative d’enlèvement et de séquestration ont secoué le milieu. En janvier, le cofondateur de la société commercialisant des portefeuilles crypto Ledger, David Balland, ainsi que sa compagne ont été kidnappés à leur domicile dans le Cher. Les ravisseurs exigeaient alors une importante rançon en cryptomonnaies. Plus récemment, cette semaine, ce sont les proches du PDG de la plateforme Paymium qui ont échappé in extremis à un kidnapping. Leur agression est survenue au cœur de Paris, en pleine journée.
Face au mécontentement des acteurs de la crypto, qui estiment désormais porter une cible dans le dos, Bruno Retailleau a annoncé mercredi sur Europe 1 et CNews vouloir prendre des mesures. «Je réunirai à Beauvau les entrepreneurs, il y en a quelques-uns en France, qui sont dans ces cryptomonnaies pour que, avec eux, on travaille à leur sécurité» et «pour qu’ils soient conscients aussi des risques», a souligné le ministre.
La liste détaillée des participants n’a pas été communiquée pour des raisons de sécurité. Parmi les 12 sociétés conviées, le ministre a surtout invité celles «ayant pignon sur rue», fait-on savoir à Libé. L’événement se déroule entièrement en présentiel, avec une sécurité renforcée. Concrètement, les participants attendent «un geste» de la part du ministre de l’Intérieur qui «s’est peu exprimé sur le sujet».
Parfois dépeintes comme les devises du crime, les cryptomonnaies pâtissent, estime une source entrepreneuriale auprès de Libé, d’une image erronée auprès du grand public. «Contrairement à ce que les gens pensent, et qui peut malheureusement être relayé dans certains discours politiques et médiatiques, la crypto est un milieu très transparent, on peut facilement retracer les transactions ainsi que leurs bénéficiaires. Ça n’est donc pas aussi facile de les voler», éclaire-t-elle. Dans un premier temps, plusieurs entrepreneurs attendent donc du ministre qu’il «dénonce ceux propageant de la désinformation à ce sujet en expliquant que c’est dangereux». «Il faut qu’il ait une prise de parole forte en rappelant au contraire les opportunités de cette technologie», ajoute-t-elle.
Autre sujet que plusieurs participants souhaitent aborder : la publication en ligne de certaines informations personnelles des dirigeants. «Des données extrêmement sensibles sont facilement trouvables sur Internet sur des plateformes comme societe.com ou pappers.fr. Dans le contexte actuel, c’est dangereux», poursuit cette même source auprès de Libé. Pour immatriculer une société, les entrepreneurs sont en effet tenus de déclarer un certain nombre d’informations les concernant. A l’image de leur adresse. «Il faut faire en sorte que ces données ne soient plus publiées, ou alors limiter le nombre d’informations personnelles demandées aux fondateurs», conclut-elle.
Libération