Inde : tensions entre X et New Delhi après le blocage temporaire de milliers de comptes

Le réseau social s’est dit «profondément préoccupé» après avoir reçu l’ordre la semaine dernière du gouvernement indien de bloquer plus de 2000 comptes, dont deux appartenant à l’agence de presse Reuters, ce que New Delhi conteste.
Le réseau social X a déclaré mardi être «profondément préoccupé» après avoir reçu l'ordre la semaine dernière du gouvernement indien de bloquer plus de 2000 comptes, dont deux appartenant à l'agence de presse Reuters, ce que New Delhi conteste. Beaucoup des comptes fermés ont été rétablis quelques heures plus tard, tandis que les autorités indiennes ont démenti avoir joué un rôle dans leur blocage.
«Le 3 juillet 2025, le gouvernement indien a ordonné à X de bloquer 2355 comptes en Inde, dont des médias internationaux tels que @Reuters et @ReutersWorld», a déclaré le réseau social dans un communiqué partagé sur sa plateforme. Le ministère indien de l'Électronique a «exigé une action immédiate - sous une heure - sans fournir de justifications et a demandé à ce que les comptes restent fermés» jusqu'à nouvel ordre, a affirmé X.
Passer la publicitéUn porte-parole du ministère a nié la diffusion d'un tel ordre, affirmant également qu'il n'y avait «aucune intention de bloquer un média international de premier ordre». «Au moment où Reuters et Reuters World ont été bloqués sur la plateforme X en Inde, le gouvernement a immédiatement écrit à X pour les débloquer», a déclaré ce porte-parole à l'agence de presse ANI.
Mis hors ligne tard samedi, les comptes étaient de nouveau actifs dans la journée de dimanche. De son côté, X (anciennement Twitter) affirme que ne pas respecter les instructions du gouvernement indien «risquait d'engager la responsabilité pénale» du réseau social. «À la suite d'un tollé général, le gouvernement a demandé à X de débloquer les comptes de @Reuters et @ReutersWorld», a souligné la plateforme qui dénonce la «censure» de la presse en Inde.
Selon des groupes de défense des droits, la liberté d'expression et la liberté de la presse sont menacées en Inde depuis l'arrivée au pouvoir du Premier ministre Narendra Modi en 2014. New Delhi impose régulièrement des coupures généralisées d'internet pendant des périodes de troubles. En avril, l'Inde a déclenché une vaste campagne de répression sur les réseaux sociaux, interdisant plus de dix chaînes pakistanaises sur YouTube accusées d'avoir diffusé des contenus «provocateurs» après un attentat au Cachemire. Beaucoup ont été rétablies depuis.
New Delhi explique ses interdictions visant internet et les réseaux sociaux par sa volonté de lutter contre la désinformation. X dit «examiner toutes les options légales possibles» mais ajoute qu'il est «limité par la loi indienne».
lefigaro