L’agence de notation Moody’s dégrade la note des États-Unis

C’est un coup de massue pour la politique économique de Donald Trump : l’agence Moody’s a abaissé vendredi 16 mai la note des États-Unis. Pour la toute première fois, l’agence a retiré à la dette américaine sa note maximale de Aaa et l’a rétrogradée à Aa1.
Moody’s était la dernière des trois grandes agences de notation à ne pas avoir abaissé la dette américaine et à lui conserver la plus haute note. L’agence a justifié sa décision par la hausse de l’endettement des États-Unis et de son coût pour le budget fédéral. Le directeur de la communication de la Maison-Blanche, Steven Cheung, a critiqué sur le réseau social X Mark Zandi, économiste en chef chez Moody’s Analytics. « Personne ne prend ses analyses au sérieux. Il a été prouvé qu’il avait tort à maintes reprises », a-t-il écrit.
« Les gouvernements et élus successifs n’ont pas su s’entendre pour prendre les mesures permettant d’inverser la tendance conduisant à un déficit annuel important. Nous ne pensons pas que des réductions des dépenses et du déficit puissent être réalisées avec la proposition de loi budgétaire actuellement en discussion », a justifié l’agence dans un communiqué.
Plusieurs élus républicains ont fait capoter vendredi au Congrès un vote clé sur l’avancement d’un mégaprojet de loi, vu comme la pièce maîtresse du programme du président Donald Trump. Celui-ci doit notamment concrétiser la prolongation des crédits d’impôt accordés durant son premier mandat avant leur expiration, en fin d’année.
Le projet de loi prévoit également 880 milliards de dollars de coupes budgétaires sur une dizaine d’années, concernant principalement les programmes d’assurance santé de 70 millions d’Américains aux revenus modestes.
Toutefois, le Parti républicain est divisé sur la question, en fonction des priorités des différents élus, ce qui complique le processus et fait douter que ce grand projet puisse être examiné la semaine prochaine par la Chambre des représentants.
Ainsi, malgré les exhortations de Donald Trump sur son réseau Truth Social, cinq élus républicains se sont alliés aux démocrates pour rejeter le texte devant la Commission du budget de la Chambre des représentants.
Moody’s vient apporter des arguments à ceux qui s’opposent au projet, en disant s’attendre, au cours de la prochaine décennie, à « des déficits encore plus importants, avec une hausse des dépenses alors que les revenus resteront stables. Cela renforcera le poids de la dette sur les finances publiques », en cas de validation du projet de loi.
Pour l’élu républicain French Hill, la décision de l’agence est « un rappel puissant que les choses ne sont pas dans l’ordre. Nous souhaitons réinstaurer la stabilité budgétaire et nous attaquer aux causes structurelles de notre dette ».
L’abaissement de la note « est un avertissement direct : nos perspectives budgétaires se détériorent, et les républicains de la Chambre des représentants sont déterminés à les aggraver », a déclaré dans un communiqué Brendan Boyle, élu démocrate à la Chambre des représentants et membre de la commission du Budget. « La question est de savoir si les républicains sont prêts à se rendre compte des dégâts qu’ils sont en train de causer », a ajouté M. Boyle.
Néanmoins, l’économie américaine reste « unique » du fait de « sa profondeur, les revenus élevés qu’elle génère, la forte croissance potentielle et sa capacité à innover et renforcer sa productivité », ce qui incite l’agence à maintenir ses perspectives stables dans l’immédiat.
Elle appelle le gouvernement à « mettre en place les réformes fiscales permettant de ralentir significativement et même inverser la détérioration de la dette et des déficits publics, soit en augmentant les revenus soit en réduisant les dépenses ».
La Croıx