L’économiste Gabriel Zucman répond à Macron : non, les riches ne vont partir si on les taxe un peu plus
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La France a un problème avec les riches. Non pas celui qu’on nous serine parfois et qui voudrait nous faire croire que «ouin ouin, on n’aime pas la réussite dans ce pays». Non non, le problème avec les riches, c’est juste qu’ils ne payent proportionnellement pas assez d’impôts. En février, la gauche a cependant réussi à faire voter (en première lecture à l’Assemblée) la création d’un impôt plancher de 2 % sur les patrimoines des grosses fortunes, vulgairement appelé «taxe Zucman», du nom de Gabriel Zucman, économiste ayant un peu bossé sur le sujet. Et devinez qui est largement opposé à cette taxe ? Le Président, évidemment.
Sur TF1 mardi 13 mai, Emmanuel Macron a plusieurs fois répété que ce genre d’impôt était dangereux. Avec l’éternel argument : «Est-ce que vous pensez que si la France toute seule met une taxe sur les patrimoines de plus de 100 millions d’euros, les gens vont gentiment rester pour être taxés ?» Zucman a donc décidé de répondre à Emmanuel Macron directement.
D’abord sur X, où l’économiste a rappelé que les études réalisées sur le sujet étaient «unanimes» : «L’exil fiscal en réponse à l’imposition de la fortune est un phénomène négligeable.» Sur Instagram, Zucman a prolongé sa réflexion : «Non, les grandes fortunes ne vont pas partir en masse si on les taxe un petit peu plus. L’exil fiscal, il existe. Il n’est pas complètement nul mais toutes les études disponibles montrent qu’il est quantitativement très faible.» «La France est un paradis fiscal pour milliardaires, enchaîne l’activiste écologiste Camille Etienne, et cette situation mine un principe fondamental de notre Constitution qui est l’égalité devant l’impôt. C’est choquant, mais aujourd’hui les milliardaires ne payent pratiquement pas d’impôt sur le revenu en France.»
La solution ? «Nos grandes fortunes devraient être sujettes à un taux plancher d’imposition, reprend Zucman. Et pour que ce taux minimum fonctionne, il faut qu’il soit exprimé non pas en fonction du revenu, qui est facilement manipulable, mais en fonction du patrimoine.» Et c’est bien ça qui a été adopté en février. Le Sénat, majoritairement de droite, doit se prononcer sur cette taxe le 12 juin.
Libération