Le déficit commercial de l’Europe avec la Chine creusé par les valeurs technologiques

Prise entre deux feux dans la guerre commerciale entre Pékin et Washington, l’Union européenne accuse en mai un déficit avec la Chine 22 % plus important que l’année dernière. Les importations de produits technologiques connaissent des hausses exponentielles.
“Les guerres commerciales et technologiques entre superpuissances pourraient affecter le commerce en Europe”, écrit, dans un euphémisme, le South China Morning Post (SCMP). Et pour cause : le déficit commercial de l’Union européenne (UE) avec la Chine s’est creusé de 22 % en mai 2025, en glissement annuel.
Trois mouvements peuvent expliquer cette contre-performance européenne. D’abord, “de nombreux marchés de l’UE subissent une baisse des exportations vers la Chine”. Mais il y a surtout un phénomène de vases communicants : d’un côté, les exportations de produits chinois de haute technologie vers les États-Unis ont connu une forte baisse ; et de l’autre, “la Chine a exporté en mai d’énormes quantités de batteries, d’ordinateurs, de téléphones portables et de panneaux solaires vers le bloc des Vingt-Sept”.
Les chiffres sont impressionnants : les exportations chinoises vers l’Estonie ont augmenté de près de 80 % en mai par rapport à l’année dernière, et de plus de 70 % pour Chypre. Le SCMP détaille :
“Le boom s’est poursuivi sur les plus grands marchés de l’UE, les importations de la France ayant augmenté de 24,2 %, et celles de l’Allemagne de 21,7 %.”
Le cas des importations de batteries lithium-ion chinoises est symptomatique : elles ont bondi de 52 % en glissement annuel pour l’ensemble de l’UE, avec des croissances de 56 % en Allemagne et de 41 % en France, par exemple – mais aussi de 1 207 % et de 1 068 % pour l’Estonie et la Bulgarie. En réalité, ces statistiques font aussi suite à l’effondrement de Northvolt, le géant européen des batteries, qui a déposé son bilan en mars.
Toujours est-il que ces chiffres tombent à point nommé, alors que la Chine et l’UE se préparent à un grand sommet bilatéral en juillet à Pékin, censé célébrer les cinquante ans des relations bilatérales. Or, rapporte le SCMP, “Bruxelles est de plus en plus frustrée par le refus de Pékin de prendre des mesures sur de nombreux griefs commerciaux”.
Pour preuve, les Vingt-Sept ont pour l’heure refusé de participer au “dialogue économique habituel de haut niveau” avant le sommet – des sources à Bruxelles indiquant au SCMP que cela n’avait pas beaucoup d’intérêt, tant la Chine restait “intransigeante”.
Courrier International