Le journaliste sportif Christophe Gleizes condamné à sept ans de prison pour « apologie du terrorisme » en Algérie

Christophe Gleizes, journaliste sportif de 36 ans, avait été arrêté dans la région algérienne de Kabylie en mai 2024 et placé en contrôle judiciaire pour « apologie du terrorisme ».
Par Le Nouvel Obs avec AFP
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Un rassemblement en soutien à la journaliste de Disclose Ariane Lavrilleux, organisé par Reporters sans Frontières (RSF), le 17 janvier 2025 devant le tribunal judiciaire de Paris. OLIVIER JUSZCZAK/SIPA
Un journaliste français spécialiste de football, Christophe Gleizes, a été condamné à sept ans de prison ferme en Algérie, notamment pour « apologie du terrorisme », ont indiqué dimanche 29 juin Reporters sans Frontières (RSF) et son employeur, le groupe So Press, en dénonçant une sanction « injuste ».
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« Un appel sera interjeté dès demain, lundi 30 juin », a indiqué RSF, selon qui cette condamnation est intervenue « au terme d’un contrôle judiciaire de treize mois ».
Selon des sources judiciaires contactées par l’AFP en Algérie, le journaliste a été conduit directement à la prison de Tizi Ouzou après sa condamnation en première instance. Une fois qu’il aura fait appel, il devrait être rejugé mais pas avant la prochaine session criminelle qui s’ouvrira en octobre, selon les mêmes sources.
La France a déploré ce lundi « la lourde condamnation » du journaliste et assuré suivre « de près » sa situation, réaffirmant son attachement à la liberté de la presse sans toutefois appeler Alger à le faire libérer dans un contexte de crise exacerbée entre les deux pays.
« L’ensemble des services demeurent mobilisés pour lui porter assistance et sont en contact régulier avec lui, ses proches et ses conseils », a ajouté le Quai-d’Orsay.
Un article sur un club de football en KabylieJournaliste indépendant de 36 ans, collaborateur des magazines « So Foot » et « Society » (groupe So Press), Christophe Gleizes s’est rendu en Algérie en mai 2024, notamment pour un sujet sur le club de la Jeunesse sportive de Kabylie.
Selon RSF, il a été arrêté le 28 mai 2024 à Tizi Ouzou et placé sous contrôle judiciaire, pour « être entré dans le pays avec un visa touristique, pour “apologie du terrorisme” et “possession de publications dans un but de propagande nuisant à l’intérêt national” ».
« Ces dernières accusations, sans fondement et totalement réfutées, sont dues au fait que le journaliste avait eu des contacts, en 2015 et 2017, avec le responsable du club de football de Tizi Ouzou, par ailleurs responsable du Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK), classé organisation terroriste par les autorités algériennes en 2021 », a indiqué l’ONG de défense de la presse.
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Les deux premiers échanges entre les deux hommes « ont eu lieu bien avant cette catégorisation par les autorités algériennes », souligne RSF.
« Le seul échange survenu en 2024 visait à la préparation de son reportage sur le club de football, la JSK, ce dont Christophe Gleizes ne s’est jamais caché », poursuit l’ONG.
Tensions entre Paris et Alger« Sa condamnation à sept ans de prison n’a aucun sens et ne démontre qu’un fait : rien n’échappe à la politique aujourd’hui et la justice algérienne a manqué une importante occasion de sortir par le haut dans cette affaire », s’est indigné le directeur général de RSF, Thibaut Bruttin.
« Il est important que tout soit mis en œuvre, y compris politiquement et diplomatiquement, pour que la justice l’emporte et que Christophe puisse retrouver ses proches et sa rédaction », a pour sa part plaidé le fondateur de So Press, Franck Annese, cité dans le communiqué.
La condamnation du journaliste intervient dans un contexte de crise aiguë entre l’Algérie et la France, l’ex-puissance colonisatrice (1830-1962), marquée par des expulsions de diplomates de part et d’autre et un gel de toutes les coopérations.
La brouille a éclaté l’été dernier après la reconnaissance par le président français Emmanuel Macron d’un plan d’autonomie « sous souveraineté marocaine » pour le Sahara occidental, territoire que se disputent depuis cinquante ans le Maroc et les indépendantistes du Polisario, soutenus par Alger.
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La situation s’est envenimée avec l’arrestation à la mi-novembre de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, accusé d’avoir porté atteinte « à l’unité nationale » dans des déclarations en France, où il estimait que l’Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc. Après une condamnation à cinq ans de prison en première instance, le verdict en appel doit être annoncé mardi.
Par Le Nouvel Obs avec AFP
Le Nouvel Observateur