Le Medef annonce un « énorme meeting » patronal, peut-être un peu trop vite…

Le dirigeant de la première organisation patronale française avait prévenu mi-septembre d’une « grande mobilisation patronale » si les impôts augmentaient, dans le cadre du projet de budget 2026. Le Medef, interrogé sur la date et le lieu du meeting, n’a donné aucun détail. Amir Reza-Tofighi, président de la CPME, deuxième organisation représentative des entreprises, n’a pas pu non plus donner de précisions sur l’événement. Il a confirmé cependant « qu’il y a actuellement une colère des chefs d’entreprise qui ont l’impression d’être caricaturés dans le débat public ».
« Nous ne souhaitons pas ajouter de la tension à la tension actuelle, mais nous avons des discussions pour qu’en fonction des arbitrages budgétaires qui seront pris, il y ait une prise de parole forte et collective des organisations patronales », a-t-il ajouté sur un ton prudent. Michel Picon, le président de la troisième organisation patronale, l’U2P (entreprises de proximité) ne se rendra pas pour sa part à un tel rassemblement. Il reproche à Patrick Martin de n’avoir pas « pris soin que ses partenaires ne découvrent pas cette annonce dans la presse ». C’est « ralliez-vous à mon panache blanc », a-t-il estimé.
Sur le fond, il a vu dans l’initiative « une erreur magistrale : ce n’est pas le moment, il ne faut pas donner l’impression que le monde de l’entreprise est opposé à celui du travail », a-t-il indiqué. Avec « la pagaille » actuelle, en l’absence notamment de gouvernement et de budget, et dans un contexte de grandes manifestations, « les patrons ne vont pas en rajouter pour dire on ne nous touche pas alors qu’il va bien falloir que tout le monde fasse un effort », a ajouté le président de l’U2P. Patrick Martin, Amir Reza-Tofighi et Michel Picon sont attendus ensemble, mercredi après-midi à Matignon, pour un rendez-vous avec le Premier ministre Sébastien Lecornu.
Le thème de la taxation des Français les plus riches, parmi lesquels forcément des chefs de grandes entreprises, est au cœur des débats entre Sébastien Lecornu et le Parti socialiste, qui peut lui éviter une censure sur le texte primordial du budget. Patrick Martin a observé que « circulent, avec un niveau de décibels extrêmement élevé, certaines théories dangereuses pour nos entreprises », allusion en particulier à la proposition de taxe Zucman, qui consisterait à imposer à 2 % minimum par an le patrimoine, y compris professionnel, des 1 800 Français les plus riches. « Moi, je ne sais pas danser la Zucmania, et je n’ai pas l’intention de m’y adonner », a-t-il lancé.
SudOuest