Les commandes de constructions navales s’effondrent en Chine

Les nouvelles commandes de navire dans les chantiers navals chinois ont diminué de 68 % au premier semestre 2025, en glissement annuel. Les politiques restrictives de Donald Trump expliquent ce déclin, qui profite d’abord à l’autre leader du secteur, la Corée du Sud.
La chute est vertigineuse. “De loin le plus grand constructeur naval du monde depuis des années, la Chine a vu les nouvelles commandes de ses chantiers navals dévisser de 68 % en glissement annuel, à 26,3 millions de tonnes de port en lourd au premier semestre 2025”, annonce le South China Morning Post (SCMP). Le port en lourd d’un navire représente le chargement maximal qu’il peut emporter.
“Ce déclin s’explique essentiellement par les inquiétudes des armateurs du monde entier concernant les mesures américaines visant l’industrie de la construction navale chinoise, et leurs tentatives envisagées pour s’y adapter”, estime Han Ning, qui dirige la branche asiatique de ShipBid, une plateforme d’appel d’offres pour navires.
Peu après son investiture, Donald Trump a en effet annoncé une série de mesures ciblant les constructeurs navals chinois, dans sa volonté de revitaliser les chantiers navals américains. La construction navale civile a été abandonnée aux États-Unis dès les années 1980, tandis que les acteurs asiatiques ont progressivement accaparé ce marché : d’abord le Japon, puis la Corée du Sud et, depuis une quinzaine d’années, la Chine.
En avril, les États-Unis ont annoncé qu’ils imposeraient un droit d’escale dans les ports américains à tout navire détenu, exploité ou construit par un acteur chinois – d’abord estimé à 1,5 million de dollars (1,3 million d’euros) par escale, ce chiffre est resté secret après de vives protestations des dirigeants du transport maritime américains.
Mais les ambitions trumpiennes pourraient être contrariées par Séoul, l’autre leader du marché, précise le SCMP : “La volonté des États-Unis de relancer leur industrie navale est largement perçue comme une occasion pour la Corée du Sud. Les États-Unis disposant de capacités nationales quasi nulles, ce sont les principaux constructeurs navals coréens qui s’y développent.”
C’est un jeu de vases communicants des plus élémentaires : selon les calculs du quotidien, si la part de la Chine dans les commandes mondiales est passée de 75 % l’année passée à 56 % au premier semestre 2025, celle de la Corée du Sud est passée de 14 % à 30 %. Avec 14,2 millions de tonnes de port en lourd, la Corée talonne la Chine – mais l’industrie états-unienne ne décolle pas pour autant.
De quoi ravir le président sud-coréen fraîchement élu, Lee Jae-myung, qui s’est engagé à faire de la Corée du Sud “une puissance maritime qui dirige le monde, en s’appuyant notamment sur la construction navale”.
Courrier International