« Les habitants de l’île n’en peuvent plus d’être traités comme des citoyens de seconde zone » : les syndicats dénoncent une « situation explosive » à Mayotte

Six mois après le passage du cyclone Chido et la visite sur place du président sur place, les habitants de Mayotte restent livrés à eux-mêmes dans un territoire dévasté trop lentement reconstruit malgré les promesses. Face à une telle situation les responsables des principaux syndicats ont adressé une lettre ouverte à l’exécutif lundi 2 juin.
« Mme et M. les Ministres, nous vous alertons solennellement car la situation à Mayotte est explosive. Les habitant.es de l’île n’en peuvent plus d’être traité.e.s comme des citoyen.ne.s de seconde zone. Il faut prendre la mesure des besoins immenses de l’archipel notamment en matière de services publics, si on veut le sortir de la crise que le cyclone Chido n’a fait qu’amplifier », écrivent dans leur missive commune Sophie Binet (CGT), Marylise Léon (CFDT), François Hommeril (CFE-CGC), Laurent Escure (UNSA), Caroline Chevée (FSU), Murielle Guilbert et Julie Ferrua (Solidaires).
C’est également une mesure d’égalité que défendent en premier lieu les organisations signataires sur le plan social. « Nous le réaffirmons, la convergence sociale doit être mise en place au plus vite, en commençant par mettre fin à l’abattement du Smic mahorais dès 2026 », précisent-elles rappelant par ailleurs que « 77 % des habitant.e.s vivent sous le seuil de pauvreté », que « le RSA et les allocations familiales sont à 50 % de la métropole », que « les aides au logement n’existent pas », ou encore que « le Smic mahorais est toujours inférieur de 25 % au Smic du reste de la France, abattement répercuté sur la quasi-totalité des salaires ».
Alors que la droite et le camp présidentiel ont fait de la question de l’immigration l’origine de tous les maux dans l’archipel – à l’instar des mesures répressives et stigmatisantes entérinées par le Sénat fin mai – les syndicats n’éludent pas la question mais défendent une tout autre voie. « Nous exigeons que les lois de la République s’appliquentpleinement à Mayotte en commençant par celles concernant l’immigration. La revendication de nos syndicats à Mayotte n’est pas la remise en cause du droit du sol mais la fin du visa territorialisé, ce visa dérogatoire qui enferme ses détenteurs à Mayotte et les empêche de rejoindre la métropole », expliquent-ils.
« Les Mahoraises et les Mahorais veulent une mise en place rapide de la convergence des droits sociaux prévue à ce stade seulement d’ici 2031. Pourtant, dans le même temps, le projet de loi prévoit que les entreprises bénéficieraient d’une exonération totale des cotisations sociales et des impôts dès 2026 pour 5 ans via la mise en place d’une zone franche sur le territoire mahorais et ce sans aucune contrepartie », pointent en outre les syndicats estimant qu’« il ne faut pas créer un sentiment d’inégalité de traitement entre les aides aux entreprises et l’égalité réelle des droits à mettre en place pour la population ».
Surtout quand les services publics sont si dégradés que ce soit dans les transports – avec « l’absence totale de transports en commun organisés » -, l’éducation – « par manque d’enseignant.e.s et de places dans les établissements, les élèves ne sont pris en charge qu’à mi-temps » -, ou la santé – avec une « prise en charge sanitaire indigne ».
Face à ces multiples urgences, les syndicats demandent « l’ouverture de concertations au plus vite, à Paris, avec des modalités permettant l’association directe de nos organisations locales pour enfin mettre en place l’égalité des droits ».
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