Les ventes de voitures neuves dégringolent en juin en Europe, celles des électriques progressent partout… sauf en France

La crise du marché de l’automobile mondial se ressent sans surprise dans l’Union européenne (UE). Selon les chiffres de l’Association des constructeurs automobiles européens publiés jeudi 24 juillet, les ventes de voitures neuves ont chuté de 7,3 % dans l’UE en juin, comparé au même mois l’an dernier. Depuis le début de l’année, la baisse atteint 1,9 % sur un an. Seule bonne nouvelle : de janvier à juin, les voitures 100 % électriques progressent de 22 % sur le Vieux Continent par rapport à la même période en 2024. Une très bonne santé qui se ressent sur les quinze pays les plus importants en volumes de ventes. A l’exception de la France, où les ventes chutent de 6,4 % depuis le début d’année.
Dans le détail, rares sont les marques qui peuvent se réjouir de leur mois de juin : au sein des poids lourds du secteur, les allemands BMW et Mercedes, le tchèque Skoda et le français Renault figurent ainsi parmi les rares en croissance. Presque toutes les autres décrochent, parfois de plus de 10 %, comme les allemands Volkswagen et Audi, le français Citroën et l’italien Fiat (-38 % sur un an). La quinzaine de marques du franco-italien Stellantis reculent en moyenne de 16,1 % en juin, et plus de 11 % sur le premier semestre, ce qui montre l’étendue du chantier pour Antonio Filosa, le nouveau patron de l’entreprise.
Du côté des motorisations, le marché poursuit dans la direction entamée l’an dernier. Les hybrides non rechargeables captent plus du tiers du marché au premier semestre, même si la progression observée depuis plus d’un an s’est tassée en juin. Pourtant champion historique de l’hybride, Toyota ne parvient d’ailleurs pas à en tirer les bénéfices, puisque les ventes de la marque japonaise baissent de 8,6 % depuis le début de l’année. Les hybrides rechargeables (PHEV) commencent, elles, à décoller, avec 8,4 % de parts de marché en Europe, notamment grâce à l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie. Heureusement pour le climat, l’essence et le diesel continuent, eux, de perdre du terrain, puisqu’en cumulé ces combustions historiques sombrent à 37,8 % de parts de marché, contre près de 53 % fin 2022 et… quelque 90 % en 2019.
Si les voitures 100 % électriques comptent désormais pour 15,6 % des ventes dans l’UE, soit trois points de plus que l’an dernier, la France continue de peiner en la matière, avec une baisse de 6,4 % depuis le début de l’année (148 332 voitures), contre des hausses drastiques en Allemagne (248 726 unités, + 35,1 % sur un an) ou chez les voisins britanniques (224 841 voitures neuves, + 34,6 %). Illustration des transformations en cours dans le secteur, le leader historique Tesla n’en profite pas et poursuit sa descente aux enfers, avec -43,7 % sur le premier semestre.
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Résultat, la part de 100 % électrique dans les ventes de voitures neuves continue de stagner en France, avec 17,6 % au premier semestre (ce qui reste mieux que la moyenne européenne), et même une légère baisse le mois dernier. La France vient de se faire doubler par l’Allemagne. La relance du leasing social à partir de fin du mois de septembre et l’augmentation du bonus écologique depuis début juillet pourraient permettre à la France de sortir de cette spirale négative.
Il y a pourtant urgence à inverser le mix énergétique des voitures vendues dans l’UE. Confirmant d’autres études précédentes, l’International Council on Clean Transportation (ICCT) a publié début juillet un rapport montrant que si les voitures hybrides classiques et rechargeables émettent respectivement 20 % et 30 % d’émissions de gaz à effet de serre en moins que celles à essence, elles en émettent trois fois plus que les voitures 100 % électriques se rechargeant avec le mix électrique moyen de l’UE. Un calcul opéré sur tout le cycle de vie d’une voiture, en intégrant donc également le poids environnemental de la production d’une batterie mais aussi l’évolution du mix électrique européen dans les vingt prochaines années.
«L’élimination progressive des nouvelles immatriculations de véhicules à combustion interne, de véhicules hybrides rechargeables et de véhicules hybrides non rechargeables d’ici 2035 permettrait d’aligner les émissions du secteur sur les objectifs climatiques de l’UE», explique l’ICCT. Un rappel qui résonne avec les chiffres de ventes de l’ACEA
Libération