Meta va interdire les publicités politiques dans l’UE à cause des règles «impraticables» de Bruxelles

Finies les spots de pubs politiques sur Facebook et Instagram. Du moins pour leurs 261 millions et 272 millions d’utilisateurs mensuels respectifs dans l’Union européenne. Meta, le groupe qui possède ces plateformes, «n’autorisera plus les publicités politiques, électorales et sur les enjeux sociaux sur ses plateformes dans l’Union européenne, en raison des exigences impraticables» d’un règlement européen dédié à la transparence de la publicité politique, a annoncé l’entreprise ce vendredi 25 juillet dans un communiqué.
Cette décision «concerne uniquement l’Union européenne», assure l’entreprise de Mark Zuckerberg. «Nous continuons à penser que la publicité politique en ligne est un élément essentiel de la politique moderne.»
Adopté en 2024 avec une pleine entrée en vigueur en octobre 2025, le règlement européen visé par Meta entend garantir une plus grande transparence et se prémunir des ingérences étrangères à l’approche d’élections. Il impose notamment aux plateformes de signaler clairement les publicités à caractère politique et d’indiquer par qui elles sont financées. Le profilage à partir de données personnelles relatives à l’origine ethnique, la religion, l’orientation sexuelle, est interdit, de même que l’utilisation des données relatives à des mineurs.
L’Union européenne a pris ces mesures en particulier en réaction au scandale Cambridge Analytica, survenu en 2018. Ce cabinet de conseil britannique avait amassé, sans autorisation et à leur insu, les données personnelles de dizaines de millions d’utilisateurs de Facebook. Elles avaient ensuite été utilisées ensuite à des fins de ciblage politique durant la campagne électorale américaine 2016 et le référendum sur le Brexit.
Meta, qui critique régulièrement la législation européenne, pointe les «importants défis opérationnels» et «incertitudes juridiques» de ces règles. L’entreprise souligne d’ailleurs, dans son communiqué, qu’elle n’est pas la première à dire qu’elle va renoncer aux publicités politiques dans l’UE - Google l’avait effectivement fait fin 2024.
Le géant américain des réseaux sociaux a annoncé début juillet contester en justice une amende de 200 millions d’euros infligée par la Commission européenne en avril, pour une infraction aux règles encadrant l’usage des données personnelles. Facebook et Instagram font également l’objet de plusieurs enquêtes dans le cadre de la législation européenne sur les services numériques (DSA).
Dans un mouvement de rapprochement avec Donald Trump, Mark Zuckerberg avait accusé en janvier l’UE de censure et comparé les amendes européennes à des droits de douane.
Libération