Note confidentielle de Bercy : vers un carnage social et un démantèlement de l’audiovisuel public ?

Assécher l’audiovisuel public n’est-il pas la meilleure façon de le tuer ? Dans la note de Bercy, la création d’une holding regrouperait France Télévisions, Radio France, l’INA et France Médias Monde (France 24 et RFI), mais ni Arte ni TV5 Monde. Ces préconisations sont déjà largement avancées : elles sont le cœur de la proposition de loi de la ministre de la Culture Rachida Dati, qui devrait passer devant l’Assemblée nationale d’ici fin juin.
Ce que préconise Bercy, c’est la fusion de France 24 en français et de Franceinfo, mais aussi la « mutualisation des correspondants à l’étranger ainsi que celle des fonctions supports ». Or, les mutualisations, entre France 2, France 3 et France Bleu montrent leurs limites : perte de sujets, redondance des reportages, voire assèchement des antennes.

Encore plus dangereux et cynique : la note – et c’est l’une des grandes inquiétudes des syndicats – préconise « une fusion ou négociation d’un accord collectif unique », qui « engendrera une harmonisation des rémunérations générant d’abord des dépenses supplémentaires avant l’obtention d’économies ».
Autrement dit : on dégomme les statuts des uns et des autres, et on licencie à tour de bras. La dernière harmonisation de ce type, lorsque les chaînes de télévision ont été fusionnées, en 2009, a nécessité quatre ans de négociations, et a coûté 40 millions d’euros à l’État. Elle a aussi créé de la casse sociale. Delphine Ernotte, la PDG de France Télévisions, en fait un chantier prioritaire.
Depuis le premier mandat d’Emmanuel Macron, les moyens de ce secteur n’ont cessé de baisser. La contribution à l’audiovisuel public a été supprimée et remplacée par une ponction sur la fraction de la TVA, mais pas de manière pérenne. La publicité après 20 heures a été interdite, ce qui a coûté 450 millions d’euros aux chaînes publiques.
La note de Bercy s’appuie en permanence sur les économies à réaliser, quitte à casser ces outils, plutôt que de s’intéresser aux recettes potentielles. Le RN, qui rêve de privatiser l’audiovisuel public, se frotte les mains.
Nous ne sommes financés par aucun milliardaire. Et nous en sommes fiers ! Mais nous sommes confrontés à des défis financiers constants. Soutenez-nous ! Votre don sera défiscalisé : donner 5€ vous reviendra à 1.65€. Le prix d’un café.Je veux en savoir plus !
L'Humanité