Qui pour présider l’UPE06?

Le 5 juin, se dérouleront les élections pour la présidence de l’Union pour l’Entreprise des Alpes-Maritimes (UPE06). Les deux candidats déclarés, invités vendredi de l’émission L’Interview à la Une de Nice-Matin ont défendu leur vision du syndicat patronal azuréen et de son action sur le territoire. La première candidate à la succession de Pierre Ippolito est avocate en droit des affaires. Cofondatrice du cabinet WABG basé à Nice, Mougins et Paris, Marielle Walicki connaît sur le bout des doigts le fonctionnement des entreprises qu’elle défend quotidiennement dans l’exercice de son métier et a à son actif un long parcours associatif.
Le second candidat, Franck Cannata, est fondateur et dirigeant de l’entreprise de transport et de logistique Transcan à Carros. Il est aussi président de la Fédération nationale des Transports routiers (FNTR) 06 et 83, ce qui l’amène à prêter une grande attention à la problématique de la décarbonation. Deux profils différents mais dont les programmes s’inscrivent en grande partie dans la continuité de celui mené depuis trois ans par l’actuel président. Tout en ouvrant de nouveaux chantiers afin de mieux servir les chefs d’entreprise.
FiscalitéDans l’optique de simplifier la vie des entrepreneurs, Marielle Walicki propose que l’UPE06 soit "un phare orientant les dirigeants dans un monde plein d’incertitudes économiques et financières".
Pour ce faire, elle propose l’instauration d’un guichet unique facilitant la communication avec les acteurs locaux de l’administration fiscale. "On ne peut pas changer la législation mais on peut la décoder pour mieux la comprendre et l’adapter dans nos entreprises. En clair, faire de la pédagogie et de la formation." Même son de cloche chez Franck Cannata. "Simplifier la fiscalité, c’est bien mais la réduire, c’est mieux. Les entreprises ont besoin que la fiscalité qui, en France, est record en la matière soit abaissée." Et de citer le Versement Mobilité régional [0,15% de la masse salariale pour les entreprises de plus de 11 salariés] décidé récemment par la Région Sud "qui pénalise davantage la compétitivité de nos entreprises en réduisant leurs marges". "Les entreprises de toute taille, même si ça ne concerne qu’une catégorie, doivent être solidaires pour se faire entendre", renchérit Marielle Walicki.
LogementAutre problème rencontré par les entrepreneurs, le recrutement, faute de logements suffisants pour les actifs. Un sujet devenu prioritaire des dernières années. Dans son programme, l’avocate niçoise, consciente de la rareté et de la cherté des biens, préconise de créer un Fonds d’investissement territorial de l’immobilier qui "rapprocherait les pouvoirs publics, les entreprises et les différentes fédérations pour implanter et construire des logements pour nos actifs par priorité".
Le dirigeant de Transcan, pour sa part, imagine la mise en place de dispositifs de logement du parc public, pour les saisonniers par exemple, et suggère aussi l’usufruit locatif social. "Ce qui permettrait de créer de la richesse, de loger nos collaborateurs dans des conditions idéales tout en ayant un investissement durable pour les entreprises qui auraient un droit de réservation. À l’époque, rappelle-t-il, Michelin logeait ses salariés. Tout comme les maraîchers de la plaine du Var. Aujourd’hui, il est nécessaire que des logements soient disponibles pour les travailleurs qui font la richesse de notre territoire."
FormationCorollaire du recrutement, la formation. Marielle Walicki, elle, ne prône pas "une approche dogmatique car les PME, ETI et TPE n’ont pas les mêmes besoins; il faut faire un état des lieux et aussi former les dirigeants" en utilisant déjà les outils existants. C’est aussi une priorité pour le dirigeant azuréen qui souligne la nécessité "d’avoir des formations et des cursus adaptés aux besoins du tissu économique. Il est indispensable que le travail revienne au cœur de notre écosystème et qu’un travailleur soit normalement rémunéré pour son travail."
MobilitéPoint noir du département, la mobilité. Franck Cannata et Marielle Walicki veulent tous deux poursuivre l’idée de tram-métro entre Nice et Monaco défendu par Pierre Ippolito. "Un projet structurant, de grande ampleur et indispensable pour désenclaver le centre du département, c’est-à-dire l’aéroport, poumon économique de la Côte d’Azur, estime Franck Cannata. Et aussi pour désengorger les pendulaires car il faut répondre aux besoins des travailleurs." Le coût de ce chantier pharaonique "s’amortit sur cent ans, comme tous les projets structurants comme à l’époque: autoroutes, ponts, ouvrages d’art…" En attendant, Marielle Walicki suggère de façon pragmatique, immédiate et peu onéreuse de mettre en place toute une série d’aménagements: "différer les horaires de livraison, favoriser le covoiturage des salariés qui met du lien et de la solidarité au sein de l’entreprise… Des gouttes d’eau dans l’océan, admet-elle, mais qui permettent déjà une prise de conscience immédiate."
Écologie - RSE"Plutôt que de punir les chefs d’entreprise à avoir une politique RSE, il faut les inciter et leur expliquer les enjeux économiques, environnementaux et sociétaux", plaide l’avocate. "C’est avant tout du bon sens et il faut aussi imaginer des avantages fiscaux plutôt que systématiquement taxer plus", insiste Franck Cannata qui propose dans son programme d’installer des panneaux photovoltaïques sur les toitures des entreprises et d’en mutualiser la consommation.
Compétitivité - croissanceCheval de bataille de Marielle Walicki, la transmission des entreprises. "L’UPE06 doit être le catalyseur et fédérer les initiatives prises dans les différentes chambres consulaires. On ne souhaite qu’une seule chose que nos entreprises aillent mieux et vite." Pourquoi pas en s’appuyant sur l’intelligence artificielle? La candidate propose la création d’un Fonds d’investissement dans la tech et l’IA. Franck Cannata, lui, veut renforcer la marque employeur en mutualisant les services à destination des employés comme les crèches mutualisées. "C’est ce qu’on appelle la RTE: responsabilité territoriale des entreprises."
L’UPE06 qui rassemble les forces locales de la CPME (Confédération des Petites et Moyennes Entreprises) et du Medef fédère et représente 1.500 adhérents directs et 34 syndicats de branche, soit 8.500 au total.
Les dépôts des candidatures sont ouverts jusqu’au lundi 26 mai minuit. Une candidature de dernière minute est donc toujours possible. Les élections se tiendront le 5 juin et ce sont les 78 administrateurs du conseil d’administration de l’union patronale qui voteront.
La passation de pouvoir aura lieu à Nice le 26 juin lors des Entreprenariales. Le 30 juin, désignation et installation du bureau. Le ou la présidente élue prendra ses fonctions le 1er juillet.
Var-Matin