Réforme de l’audiovisuel : Rachida Dati zappée, une nouvelle fois
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Les trois premières tentatives de Rachida Dati pour faire voter à l’Assemblée nationale la réforme de l’audiovisuel qu’elle appelle de ses vœux avaient été chaotiques. La quatrième, ce lundi après-midi, s’est soldée par une humiliation politique d’une violence rare, certainement contre une ministre de la Culture : rejeté préalablement – donc avant même son examen par les députés – par 94 voix contre 38, le texte a réuni contre lui la gauche et le RN, ne trouvant pour le soutenir que les quelques membres de la coalition gouvernementale qui n’avaient pas opportunément abandonné leur poste juste à ce moment.
Cet échec fracassant peut tout d’abord être expliqué par la méfiance qu’inspire le populisme anticulturel et souvent antidémocratique revendiqué par Rachida Dati, embourbée dans des affaires de corruption diverses et variées et sifflant volontiers les meutes contre des journalistes qui s’y intéressent, comme en témoignent ses piteuses attaques contre le journaliste Patrick Cohen, et ses innombrables procès intentés contre Libération, le Nouvel Obs, Mediapart, le Canard enchaîné et bien d’autres.
Mais cette débâcle annonce aussi un rejet sur le fond d’une réforme inexplicable et inutile. L’organisation «plus centralisée» imaginée par Dati «par souci d’efficacité» est la même idée avortée de «holding» voulue en 1996 par Philippe Douste-Blazy et même par Jacques Chirac dans les années 80.
Cette obsession de la droite française était basée sur son admiration pour l’audiovisuel privé. La remontée prodigieuse ces dernières années des audiences de Radio France ou des productions de France Télévisions ont prouvé l’aberration de ce faux consensus, rejeté une nouvelle fois à l’Assemblée, où une loi mieux écrite – «La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme» – avait été votée en 1789, à une majorité que Rachida Dati ne pourra qu’envier.
Libération