Réforme de l’audiovisuel public : le texte rejeté dès le début des débats à l’Assemblée, revers pour Dati

Par Le Nouvel Obs avec AFP
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Manifestation de salariés de l’audiovisuel public devant le ministère de la Culture, le 23 mai 2024. SADAKA EDMOND/SIPA
A la surprise générale, le RN a joint ses votes à ceux de la gauche en faveur d’une motion de rejet des écologistes sur la réforme de l’audiovisuel public portée par la ministre de la Culture. Un texte contesté par les salariés concernés, en grève.
Un nouveau revers pour Rachida Dati. Les députés ont rejeté dès le début des débats ce lundi 30 juin la réforme de l’audiovisuel public, énième péripétie pour un texte au parcours chaotique, rejeté par les salariés concernés, mais que la ministre de la Culture Rachida Dati continue à défendre bec et ongles.
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La proposition de loi du sénateur Laurent Lafon (UDI, centre), prévoit de créer le 1er janvier 2026 une holding, France Médias, qui chapeauterait France Télévisions, Radio France et l’Ina (Institut national de l’audiovisuel), sous l’autorité d’un président-directeur général.
Les députés de gauche, rejoints de manière inattendue par ceux du Rassemblement national, ont voté largement (94 voix dont 16 RN contre 38) une motion de rejet du groupe écologiste et social, face aux bancs clairsemés de la coalition gouvernementale.
Le texte va désormais pouvoir repartir en deuxième lecture au Sénat. La chambre haute pourrait examiner le texte dès la semaine prochaine selon une source parlementaire. Une source gouvernementale assurant, de son côté, que « ce n’est pas arbitré ».
Camouflet pour DatiLors du passage du texte en commission mi-juin, France Médias Monde, branche internationale de l’audiovisuel public français (RFI, France 24), a été exclu du périmètre de la holding, sur proposition du gouvernement. La commission a aussi supprimé tout un pan du texte visant à « préserver la souveraineté audiovisuelle de la France », avec des dispositions concernant les droits sportifs ou le développement de la radio numérique terrestre.
La réforme, si elle aboutissait, serait un des rares trophées dont la ministre pourrait se prévaloir, alors qu’elle ambitionne de ravir la mairie de Paris à la gauche en mars 2026. Le projet de holding est combattu avec force par les syndicats de l’audiovisuel public. Ceux de Radio France ont lancé un mouvement de grève illimitée dès jeudi, le jugeant « extrêmement dangereux », tant pour l’avenir des salariés que pour l’indépendance de l’information. A France Télévisions et l’Ina, les syndicats étaient en grève ce lundi.
Le Premier ministre François Bayrou a apporté son soutien à la réforme dimanche sur RTL. Dans l’hémicycle, Rachida Dati, elle, a dénoncé les « violentes attaques contre (sa) personne ». « Cette réforme n’est pas la réforme de Rachida Dati », c’est une réforme « dans l’intérêt évidemment de l’ensemble des Français », a-t-elle soutenu.
« Sérénité des débats »Dans cette bataille parlementaire, la mobilisation de la coalition gouvernementale est incertaine, un député du socle commun confiant un certain malaise. « J’ai l’impression qu’on accélère pour aller dans le mur », dit cet élu, qui pointe aussi une gestion du dossier par Rachida Dati qui n’a pas contribué à la « sérénité des débats ».
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En avril, un incident avait opposé en commission la ministre à une fonctionnaire de la chambre basse. Plus récemment, Rachida Dati a créé l’émoi en s’en prenant au journaliste Patrick Cohen sur le plateau de « C à vous », sur France 5, ou en affirmant sur France Inter que les auditeurs du service public étaient un « club » de « CSP + », c’est-à-dire appartenant à des catégories socioprofessionnelles plutôt aisées.
Par Le Nouvel Obs avec AFP
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