Réforme des retraites : un simulateur en ligne encourage à arriver en retard au travail pour dénoncer symboliquement le texte

Cette campagne satirique émane d'un collectif mobilisé contre le recul de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans. Le simulateur "La réforme des retards" permet de calculer combien de minutes de retard sont nécessaires pour compenser le fait de devoir travailler plus longtemps.
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Alors que les syndicats et patronat se réunissent à nouveau, mercredi 14 mai, pour tenter d'amender la réforme des retraites, un collectif d'artistes se mobilise contre le recul de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans. Le collectif Zélé a lancé il y a quelques semaines une campagne satirique, "La réforme des retards". Le principe est simple : encourager les Français à arriver systématiquement en retard au travail pour compenser le fait de devoir travailler plus longtemps.
À l’aide de l'intelligence artificielle, ses initiateurs ont créé un faux ministère, "le ministère des Retardataires" avec un véritable simulateur en ligne. Une manière d'allier humour et protestation. Combien de minutes de retard devriez-vous avoir pour compenser le recul de l'âge : au milieu du quartier d'affaires de La Défense, où se pressent de nombreux cadres, la question surprend. Curieux, Medhi, 31 ans, teste le simulateur. Rapidement, le résultat tombe. "Je dois arriver 26 minutes en retard pour compenser la réforme des retraites. C'est marrant !"
Pour effectuer ce calcul, il faut donner son âge actuel, l'âge auquel on a commencé à travailler, le nombre d'heures travaillées dans la semaine, le nombre de jours travaillés dans l'année et si on a eu des périodes d'inactivité, de chômage. "On prend l'heure de travail imposée, on le multiplie par 60 et on divise par le nombre de jours restants avant sa retraite", explique l'auteur du site, Charles-Antoine de Sousa, 36 ans.
Un outil qui amuse beaucoup les autres passants. "25 minutes en retard ? Je vais m'y mettre... Non, je rigole !", lance cette ingénieure. Comme elle, tous refusent d'appliquer cette incitation au retard, trop utopique, souffle Nathalie, 42 ans. "Ça peut donner envie, mais ce n'est pas réalisable, balaie-t-elle. Mon travail sera fait dans tous les cas, donc je partirai un peu plus tard."
Il ne s'agit pas d'un réel appel à la mobilisation, assure Charles-Antoine de Sousa. Il veut simplement rouvrir le débat sur une réforme qu'il juge injuste. "C'est né d'une espèce de lassitude. On a été très peu entendus, on a été beaucoup dans la rue et ça n'a pas servi à grand-chose, rappelle le trentenaire. L'idée c'est donc d'arriver aujourd'hui avec une solution alternative pour reprendre le temps qu'on nous a 'volé'. Evidemment, l'idée n'est pas que toute la France arrive en retard, mais de prendre conscience du temps et de le matérialiser plus clairement."
"Cette notion de temps est difficilement palpable, mais quand on le découpe en petits bouts, c'est une manière de visualiser plus clairement l'impact que ça a dans nos vies au quotidien."
Charles-Antoine de Sousa, auteur du simulateurà franceinfo
Aujourd'hui, il y a plus de 18 000 visiteurs sur le site. Mais ce directeur artistique admet avoir peu d'espoir que sa campagne de communication puisse faire reculer le gouvernement sur le recul de l'âge de départ à la retraite à 64 ans.
Francetvinfo