Retour de Jimmy Kimmel à télévision : l’humoriste dénonce un « gouvernement anti-américain », Trump menace ABC

L’animateur et humoriste Jimmy Kimmel à l’Academy Awards à Hollywood, le 10 mars 2024. PATRICK T. FALLON / AFP
Donald Trump n’en a pas fini avec son bouc émissaire. Après une suspension de son émission pour avoir critiqué le président américain suivi d’une semaine de tourmente, l’humoriste Jimmy Kimmel s’est courageusement replacé devant les caméras mardi 23 septembre au soir. Une information qui n’a pas échappé à Donald Trump : le locataire s’est empressé de menacer le diffuseur ABC avant même le début du show.
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La semaine dernière, l’éviction de Jimmy Kimmel a lancé un vaste débat aux Etats-Unis sur la relation de Donald Trump envers les médias. En effet, l’émission de l’humoriste, mélangeant information et divertissement, avait été suspendue après des propos de Jimmy Kimmel. L’humoriste avait indigné le camp trumpiste en accusant la droite américaine d’exploiter politiquement le meurtre de l’influenceur Charlie Kirk, assassiné par un jeune homme de 22 ans qui semblait avoir des opinions de gauche, selon ses parents républicains.
Le patron du gendarme américain de l’audiovisuel (FCC), Brendan Carr, s’était saisi de la polémique, en sous-entendant qu’il pourrait retirer leur licence aux chaînes qui diffusaient l’émission. Les commentaires de Jimmy Kimmel étaient « malvenus » et « indélicats », a jugé lundi Disney en annonçant le retour de l’émission sur sa chaîne ABC, après « des conversations réfléchies avec Jimmy ». Le géant du divertissement a justifié la suspension temporaire décidée mercredi dernier par le souhait « d’éviter d’exacerber une situation tendue à un moment émotionnel pour notre pays ».
• Retour scruté sur toute la planèteQuelques heures avant son émission mardi, Jimmy a publié sur Instagram une photo de lui avec le producteur Norman Lear, mort en 2023, qui était connu pour sa défense de la liberté d’expression. « Ce gars me manque aujourd’hui », a-t-il écrit en donnant le ton de son discours d’entrée.
Dès les premières minutes de son retour à la télévision mardi soir, l’humoriste s’est attelé à remercier tous ceux qui l’ont soutenu toute la semaine, « surtout ceux qui ne soutiennent pas ce que je dis dans mon show mais qui soutiennent mon droit à le dire dans tous les cas », a-t-il dit en citant le sénateur républicain Ted Cruz qui a défendu sa liberté d’expression. « Je ne crois pas que j’ai déjà dit ça un jour mais Ted Cruz a raison », a souri Jimmy Kimmel.
Il avait dans le même temps droit à une ovation du public qui criait « Jimmy, Jimmy ! » tandis qu’il racontait comment toute la planète l’avait appelé pour le soutenir. « L’Allemagne m’a même offert un job. Vous vous rendez compte ? Même un pays qui par le passé a été si autoritaire m’a dit “Viens ici !” », a plaisanté l’humoriste.
Jimmy Kimmel a ensuite fustigé l’administration Trump qualifiant d’« anti-Américain » un gouvernement qui menace les artistes. « Un gouvernement qui menace de faire taire un comédien que le président n’aime pas est anti-Américain », a-t-il dit.
• Menaces de Trump envers ABCAvant même l’émission, Donald Trump a accusé ABC de « diffuser à 99 % des conneries positives pour les démocrates », et Jimmy Kimmel d’être « un autre bras du DNC », le Comité national démocrate, sur son réseau Truth Social.
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« Je pense que nous allons mettre à l’épreuve ABC à propos de cela. Voyons comment nous allons faire. La dernière fois que je les ai poursuivis, ils m’ont donné 16 millions de dollars », a écrit le dirigeant américain.
• Boycott de certaines chaînesL’émission ne sera toutefois pas accessible à tous les foyers américains, car plusieurs dizaines de chaînes locales continuent à boycotter l’animateur, critique inlassable du président américain. Nexstar et Sinclair, deux groupes possédant des dizaines de chaînes locales piochant dans les programmes d’ABC, avaient dans la foulée annoncée qu’ils ne retransmettraient plus « Jimmy Kimmel Live ! ». Face à cette crise, Disney avait suspendu l’émission pour tout le pays.
Malgré le retour à l’antenne de l’humoriste, les deux groupes protestataires ont pour l’instant décidé de maintenir leur boycott. La semaine dernière, Sinclair avait notamment réclamé que Jimmy Kimmel fasse des excuses publiques.
Le Nouvel Observateur