Retraites: Matignon affiche son optimisme, la CFDT et le Medef leurs lignes rouges

Deux jours avant la fin programmée du conclave sur les retraites, le Premier ministre François Bayrou a laissé filtrer dans la presse un certain optimisme sur les chances d'accord entre partenaires sociaux mais les numéros un de la CFDT et du Medef continuent d'afficher leurs lignes rouges, notamment sur la pénibilité.
"Je pense que la possibilité existe de trouver un accord dynamique, car ce qui est en gestation, c'est le retour de la démocratie sociale", a positivé le chef du gouvernement selon des propos rapportés par la Tribune Dimanche. "Alors qu'on partait de positions très éloignées, il me semble que les choses ont quelque peu avancé", a commenté François Bayrou de même source.
"Je n'exclus pas qu'ils aient besoin de quelques jours de plus" pour arriver à un accord, a-t-il suggéré, dans des propos cités cette fois par le Parisien dimanche. La fin du conclave était déjà initialement prévue le 28 mai. "Ils sont à 50/50 de probabilité de succès", a pronostiqué sur France 3, le député Renaissance Roland Lescure.
Le chef de file du Modem qui vient de fêter ses six mois à Matignon entame une période politiquement très délicate entre la fin du conclave et son éventuelle traduction législative mais aussi la préparation des budgets de l'Etat et de la Sécurité sociale, sur fond de finances publiques très dégradées. Le tout sous la menace de censure d'une Assemblée nationale sans majorité.
"Ce conclave a été mis en place avec l'objectif de pouvoir discuter de l'âge de départ à la retraite. Aujourd'hui cette revendication a disparu, je ne me contenterai jamais d'un accord a minima sur quelques mesures. A l'Assemblée nationale, je défendrai l'abrogation de la réforme des retraites", a averti le coordinateur national de La France insoumise Manuel Bompard sur BFMTV.
Toujours très impopulaire, la réforme des retraites qui repousse l'âge de départ à 64 ans avait été contestée dans la rue début 2023 par des centaines de milliers de manifestants et l'ensemble des syndicats de salariés, avant d'être adoptée sans vote par le Parlement grâce à l'article 49.3. de la Constitution.
Si avec les départs du conclave de certaines organisations comme FO, CGT ou patrons de l'U2P et compte tenu de la ferme opposition du Medef, la perspective de revenir sur le report de l'âge légal parait illusoire, d'autres sujets ont été mis sur la table comme la pénibilité, les carrières des femmes, les carrières longues ou la question de la décote.
A l'avant-veille de la dernière réunion du conclave, une réforme du volet pénibilité est au coeur de l'hypothétique compromis. "Il n'y aura pas d'accord avec la CFDT si le patronat n'avance pas plus sur la pénibilité, s'il n'avance pas sur le volet réparation", a mis en garde Marylise Léon, numéro un de la CFDT dans la Tribune Dimanche.
"Aujourd'hui, sa position est inacceptable. Il doit accepter des départs anticipés de salariés exposés à la pénibilité", selon la leader syndicale qui explique que "la prise en compte de la réparation est indispensable, car les employeurs ne font pas suffisamment de prévention". Le président du Medef Patrick Martin, également interrogé par le même journal, estime que le patronat fait "déjà un énorme pas", rappelant que "nous étions opposés à toute évolution de l'usure professionnelle".
Sur la pénibilité et l'usure, le Medef propose notamment de revoir le compte professionnel de prévention pour que celui-ci prenne en compte la manipulation de charges lourdes, les postures pénibles ou les vibrations mécaniques, une ouverture vis-à-vis de la CFDT qui réclame depuis longtemps la prise en compte de ces trois critères.
L'organisation patronale propose également de "modifier le dispositif de l'inaptitude/invalidité qui concerne aujourd'hui près d'une personne sur 7 qui liquide sa retraite", en "abaissant l'âge de départ de 62 ans à 61 ans".
Pour favoriser un accord, selon La Tribune Dimanche, le Premier ministre François Bayrou "envisage la mise en place d'une prime seniors, en sus des surcotes existantes, pour inciter ces derniers à travailler au-delà de l'âge légal". Interrogé, Matignon a répondu "qu'à ce stade, aucune mesure n'est actée" et que "les arbitrages seront rendus par le Premier ministre et présentés mi-juillet".
RMC