Sahara occidental : le territoire parie sur le tourisme

Le Sahara occidental, territoire au cœur d’un conflit depuis des décennies entre le Maroc et l’Algérie, connaît un développement économique spectaculaire. Le gouvernement marocain a multiplié les investissements massifs au cours des dernières années, notamment pour le tourisme.
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C'est devenu le paradis des kitesurfeurs : la baie de Dakhla dans l'ouest du Sahara occidental, au sud du Maroc. Façonnée par le sable, l'Atlantique et le vent, elle attire les touristes, en particulier français. Rachid Roussafi, champion de planche à voile, a été l'un des premiers à découvrir et faire connaître le spot. "Au début, c'était mon petit endroit secret et après, c'est devenu un spot reconnu mondialement", a-t-il constaté. "Beaucoup d'émotions, sensation de liberté, beaucoup de chutes mais ce sont des chutes fraîches donc ça fait du bien", a expliqué une touriste.
Difficile en voyant cette région touristique d'imaginer qu'elle fait l'objet d'un des plus vieux conflits au monde. Le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, frontalière du Maroc et de l'Algérie, est, depuis un demi-siècle revendiqué, par Rabat, pour qui elle fait partie intégrante du royaume, et par les indépendantistes du Front Polisario soutenu par Alger. Rachid Roussafi a connu la région en guerre. "Dans les années 1980, l'endroit n'était pas encore sécurisé à 100 %, il y a eu le cessez-le-feu début 1990", a-t-il raconté.
Si de plus en plus de pays, dont les États-Unis et récemment la France, reconnaissent la souveraineté marocaine sur la région, ce n'est pas le cas des Nations unies. Mais cela n'empêche pas Rabat d'y investir massivement. Françoise Bastide est française, née au Maroc. Elle a vu la région de Dakhla passer en 10 ans de 140 000 habitants à 220 000. "Il y a eu ce qu'on appelle la ruée vers l'ouest. Ça a été un phénomène qui s'est déclenché brutalement et où les gens ont pris conscience qu'il y avait là un espace vierge", a-t-elle raconté. Elle a racheté une vieille ferme pour créer une oasis avec écologiques, animaux et jardins. Françoise Bastide n'a pas hésité à s'installer ici. "Bien sûr qu'on vit très tranquille. De toute façon, je vais vous dire, la caravane est passée. La caravane est passée, le Maroc a tracé sa route", a-t-elle confié.
Le Maroc a débloqué plus de 8 milliards d'euros pour le plan de développement des provinces du Sud, auxquelles s'ajoutent de nombreux projets : écoles, hôpitaux, grands hôtels, usines de dessalement, ou encore le port Dakhla-Atlantique, d'un budget d'1,2 milliard. Pour un responsable des investissements, la position entre le Maghreb et l'Afrique subsaharienne est stratégique. L'objectif est de rendre Dakhla comme un futur hub et un carrefour intercontinental et d'assurer en parallèle un développement socio-économique de toutes les provinces du Sud", a-t-il précisé.
Chez les habitants historiques de Dakhla, beaucoup profitent de l'argent. Mais certains s'inquiètent de changements trop rapides et, pour un ancien pêcheur sahraoui, du risque d'épuisement des ressources. "Il faut prendre le temps de faire des études et de programmer les périodes de pêche. On a des sèches, des poules, des calamars, des langoustes, je m'inquiète pour l'avenir", a-t-il fait savoir. Paris soutient les investissements marocains. L'Agence française de développement vient d'annoncer 150 millions d'euros pour la région.
Francetvinfo