« Si cet acquis social disparaît, je chercherai ailleurs » : les cadres de Free en grève contre la diminution unilatérale du télétravail

« La direction est attendue à la table des négociations, merci. » La touche d’humour de Pierre-Damien Zamoun, délégué syndical Printemps écologique, résume bien le mot d’ordre du jour pour les grévistes d’Iliad : discussion. Mégaphone en main, le syndicaliste scande de nombreux slogans repris à l’unisson par la centaine de ses collègues présents devant le siège du groupe : « Rétropédalage sur le télétravail, dégradation des conditions de travail », « Écoutez-nous, stop aux décisions unilatérales. »
Cette manifestation, organisée par Force ouvrière (FO), syndicat majoritaire, et Printemps écologique, répond à l’annonce unilatérale du passage de huit à six jours de télétravail autorisés par mois pour les cadres de la maison mère de Free. Les conditions ont également été durcies : les salariés n’ont plus le droit de télétravailler plus de deux vendredis par mois, ni deux jours consécutifs. Selon le groupe de télécommunications fondé par Xavier Niel, les subordonnés concernés par le télétravail représentent 15 % des 12 000 employés d’Iliad.
« La direction veut revenir sur les conditions de télétravail. Nous lui avons dit que ce n’était possible. Mais nous souhaitons être réellement consultés, pas que la charte d’entreprise soit revue de façon unilatérale comme cela a été fait », martèle Jean-Damien Zamoun.
Le syndicat FO est, quant à lui, en total désaccord avec un éventuel changement des modalités de travail à distance. « Nous avons voté contre la mise en place de cette charte et n’avons pas été écoutés », déplore Ndèye Yacine Sidibé, élue FO et secrétaire du CSE d’Iliad. « Le dialogue social a eu lieu. Il a fait évoluer le projet initial : des dérogations sont permises pour les cas particuliers », se défend une porte-parole d’Iliad.
Dans les rangs des cadres manifestants d’Iliad, l’incompréhension est totale face à ce tour de vis. « On se demande si l’objectif n’est pas de diminuer les équipes en les poussant vers la sortie, au lieu d’organiser une vraie négociation », suspecte la déléguée syndicale FO. Une affirmation réfutée par Iliad, qui dit souhaiter « renforcer la cohésion d’équipe ».
Drapeau Printemps écologique à l’épaule, Rose Denakpo confie déjà réfléchir à la démission. Mère de trois enfants, son conjoint ne peut pas travailler à distance. Les nouvelles règles vont totalement bouleverser son organisation familiale. « Quand je télétravaille, mes enfants ne sont pas à la garderie. Ce sont des frais en moins et un confort en plus », détaille la responsable production.
Avant les cadres, les téléconseillers de la maison mère de Free ont vu leur droit au télétravail supprimé en décembre 2024. La suppression totale de cette possibilité, à terme, est une crainte répandue chez les salariés des autres sociétés d’Iliad. Pour Sébastien, ce droit était un critère important lors de son embauche. « C’est un acquis social que je souhaite garder. S’il disparaît, je commencerai à chercher ailleurs », assure cet employé du pôle communication. « Pour le moment, il est uniquement prévu de mettre en œuvre la nouvelle charte », affirme la porte-parole d’Iliad.
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