«Surtourisme»: la Suisse marche dans les pas du Japon


Contrairement à la France, il y a moins de touristes que d'habitants au Japon. Mais ils vont tous aux mêmes endroits.
Le Japon et la Suisse n'ont pas en commun que la réputation de leurs transports publics. Ils sont aussi confrontés au succès grandissant de leur industrie touristique. En 2024, le Japon a battu son record absolu de visiteurs. En Suisse, l'hôtellerie a enregistré un nombre de nuitées frôlant les records, à des niveaux jamais vus depuis des décennies. D'où des craintes concernant le «surtourisme».
Mais d'abord, les chiffres, car il faut relativiser. Le Japon a compté 36,8 millions de touristes internationaux en 2024, alors que le pays a une population de 124 millions d'habitants. Pour comparer, la France a enregistré 102 millions de touristes étrangers la même année, pour une population de 68 millions. Elle a donc plus de touristes que d'habitants, ce qui est loin d'être le cas au Japon.
Si le Japon parle de surtourisme, c'est parce que le problème est que la grande majorité se concentre sur une petite liste de lieux, notamment Kyoto et autour du Mont Fuji. C'est là que la Suisse est comparable: elle ne compte pas plus de touristes que d'habitants, mais tous vont souvent dans les mêmes endroits.
«Il n’existe actuellement pas de surtourisme généralisé. Néanmoins, des goulets d’étranglement temporaires surviennent parfois dans des destinations prisées. Des localités comme Lauterbrunnen, Iseltwald au bord du lac de Brienz ou l’auberge Aescher sur l’Alpstein enregistrent une affluence supérieure à la moyenne par rapport à la population locale», remarque HôtellerieSuisse.
Au Japon, les autorités réagissent. Des villes ont augmenté leurs taxes de séjour ou des quotas de visiteurs quotidiens sont instaurés sur certains sites. En 2026, le système de détaxe pour le shopping va changer et rendra le pays moins attractif. En Suisse, la stratégie est assez semblable. Lauterbrunnen songe par exemple à instaurer une sorte de taxe d'entrée pour les personnes qui ne séjournent pas dans la commune, comme le fait déjà Venise. Au bord du lac de Brienz, un célèbre ponton prisé des Coréens a rendu son accès payant.
Dans la population suisse, seuls 5% des gens ont exprimé des craintes concernant le surtourisme, selon un sondage. «Bien qu’il ne s’agisse que d’une petite minorité, ces préoccupations sont prises au sérieux», disent les acteurs du tourisme. Suisse Tourisme prend des mesures pour «diversifier les offres touristiques afin de mieux répartir les flux de visiteuses et visiteurs». Beaucoup passe par la communication. Récemment, le conseiller national David Roth (PS/LU) a déposé un texte demandant à ce que la Suisse arrête de faire sa publicité dans les pays lointains.
20 Minutes