Tarifs douaniers : Trump et von der Leyen cherchent l’accord de la dernière heure

Par Le Nouvel Obs avec AFP
Collage du 7 juillet 2025 : la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen le 24 mars 2023 et le président américain Donald Trump, en conversation téléphonique le 27 juin 2017 JOHN THYS, NICHOLAS KAMM / AFP
Pour Donald Trump, il y a « une chance sur deux » d’y arriver : le président américain négocie ce dimanche 27 juillet en Ecosse avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen pour arracher un accord douanier.
L’heure tourne : le républicain de 79 ans, lancé dans une vaste offensive protectionniste, se donne jusqu’au 1er août avant d’assommer les produits européens entrant aux Etats-Unis de droits de douane de 30 %.
Il n’y aura « pas d’extension, pas de délai supplémentaire », a averti le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, juste avant les discussions entre les deux dirigeants à Turnberry.
Rencontre dans un golf de la famille TrumpC’est dans cette tranquille localité de la côte ouest de l’Ecosse, où la famille Trump possède un luxueux complexe de golf, que la rencontre au sommet a lieu. Donald Trump y a accueilli peu avant 17h00 (18h00 à Paris) la dirigeante européenne, qu’il a qualifiée de femme « très respectée », dans le luxueux complexe de golf appartenant à sa famille sur la côte ouest de l’Ecosse. Ursula von der Leyen a quant à elle vanté les talents de « redoutable négociateur » du milliardaire, et reconnu la nécessité de « rééquilibrer » la relation commerciale transatlantique.
Tous deux ont évalué les chances d’un accord à « 50-50 », en s’exprimant devant des journalistes avant leur entretien.
Le dirigeant américain a estimé qu’il restait « quelques problèmes » à régler. Si un accord est acté « ce serait le plus important » jamais conclu pour les deux parties, a-t-il encore affirmé.
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Toute entente devra être validée par les Etats membres de l’UE. Leurs ambassadeurs, en déplacement au Groenland, ont été informés ce dimanche matin des dernières tractations, et devront à nouveau se concerter en cas de fumée blanche.
« Un accord politique est sur la table mais il dépend de l’imprimatur de Trump qui tient à négocier l’accord jusqu’au dernier moment », a indiqué un diplomate européen à l’AFP. Plusieurs points clés restent encore à régler.
Pas de traitement de faveur pour le vinAvant sa rencontre avec la dirigeante européenne, Donald Trump s’est de nouveau accordé du temps ce dimanche matin pour une partie de golf. Le président américain avait assuré être « impatient » de s’entretenir avec Ursula von der Leyen, une « femme très respectée ». Ce ton aimable tranche avec les invectives dont le républicain accable l’Union européenne, selon lui créée dans le but d’« arnaquer » les Etats-Unis.
D’après plusieurs sources européennes, le texte en discussion prévoit des surtaxes douanières de 15 % sur les exportations européennes à destination des Etats-Unis, avec un traitement plus favorable pour des secteurs comme l’aéronautique et les spiritueux - mais pas pour le vin.
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Un tel résultat confirmerait que les échanges transatlantiques sont entrés dans une nouvelle ère, celle d’un protectionnisme américain décomplexé. Jusqu’au retour au pouvoir de Donald Trump, ils étaient marqués par un niveau de droits de douane américains bien moins élevés, de 4,8 % en moyenne.
Dans les faits, le taux effectif appliqué par les États Unis aux marchandises européennes se monte donc actuellement à près de 15 %, si l’on additionne la surtaxe de 10 % d’ores et déjà appliquée par le gouvernement américain et le taux de 4,8 % pré-existant.
Mais un accord aurait le mérite, selon les analystes, de lever l’incertitude, ce redoutable poison en matière commerciale.
Des contre-mesures possibles en riposteL’UE en échange s’engagerait à accroître ses achats de gaz naturel américain et à une série d’investissements. L’Union européenne est actuellement soumise à une taxe de 25 % sur les voitures, de 50 % sur l’acier et l’aluminium, ainsi qu’à des droits de douane généraux de 10 %.
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Donald Trump a affirmé ce dimanche que l’UE ne bénéficiera pas de droits de douanes inférieurs à 15 % pour ses exportations vers les Etats-Unis, juste avant d’entamer les discussions en Ecosse.
« Non », a répondu le président américain, interrogé sur cette éventualité par des journalistes lors d’un bref échange avec la presse en présence d’Ursula von der Leyen avant leur entretien. Il a également affirmé que les produits pharmaceutiques « ne feront pas partie » de l’accord.
Si Ursula von der Leyen et Donald Trump ne parvenaient pas à s’entendre, Bruxelles assure être prêt à riposter en taxant des produits et des services américains. L’exécutif européen, sous l’impulsion de certains pays comme la France, pourrait aussi geler l’accès aux marchés publics européens ou bloquer certains investissements.
Dégainer ce « bazooka » - appelé instrument « anticoercition » dans le jargon bruxellois - entraînerait l’Europe et l’Amérique dans une escalade diplomatico-économique inouïe.
Donald Trump, un ancien promoteur immobilier qui a écrit un livre à succès sur « l’art du deal », affirme être en position de force.
Trump a besoin de faire oublier l’affaire EpsteinMais certains sondages montrent que les Américains doutent de sa stratégie douanière et de sa conduite des affaires en général. Dans une récente enquête d’opinion Gallup, sa cote de confiance est tombée à 37%, 10 points de moins qu’en janvier.
Le milliardaire new-yorkais, qui s’est toujours joué des scandales et des poursuites pénales, peine à se dépêtrer de l’affaire Jeffrey Epstein.
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Il est accusé de manquer de transparence sur les relations qu’il entretenait avec ce riche financier, mort en prison avant un procès pour crimes sexuels qui s’annonçait retentissant.
Faire état d’un accord avec l’UE, en promettant des retombées pharaoniques sur l’économie américaine, et dans la foulée de ceux conclus ces derniers jours avec le Japon, le Vietnam, les Philippines et l’Indonésie, pourrait être une diversion bienvenue.
Lundi, c’est avec la Chine que des négociateurs américains s’efforceront, au cours d’une rencontre à Stockholm, d’éviter une reprise de l’escalade commerciale.
Par Le Nouvel Obs avec AFP
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