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Taxer les livres d'occasions ? L'idée qui rend fou Michel-Edouard Leclerc, 3e libraire de France

Taxer les livres d'occasions ? L'idée qui rend fou Michel-Edouard Leclerc, 3e libraire de France
Taxer les livres d’occasion, c’est l’idée qui rend fou Michel-Edouard Leclerc. A tel point que le patron des supermarchés pousse un coup de gueule sur son blog.

"Aux pays des Lumières, on n’a pas que des idées brillantes". C’est le titre de la tribune qu’il signe sur son blog. Furieux, Michel-Edouard Leclerc a pris la plume dimanche, pour s’insurger contre l'idée de taxer les livres d’occasion. Une aberration selon lui. Il est persuadé qu’une telle mesure serait un frein pour tous les lecteurs, et pénaliserait en particulier les plus précaires. Pourquoi ce sujet lui tient tant à cœur? Car les supermarchés Leclerc vendent aussi des livres, neufs et d’occasion. Il le rappelle d’ailleurs: "Leclerc est la 3e librairie de France".

Ça veut dire qu’à chaque livre d’occasion vendu, une partie serait reversée aux auteurs, éditeurs, traducteurs. Ces transactions échappent aujourd’hui aux droits d’auteurs. Aujourd’hui, le marché du livre d’occasion représente 20% des livres achetés en France.

Emmanuel Macron avait déjà évoqué cette idée l’an dernier au Festival du livre, sans que cela aboutisse concrètement. Cette année, c’est un peu passé inaperçu mais Rachida Dati, la ministre de la Culture, a bien annoncé vouloir étendre les droits d’auteurs aux livres d’occasion. Pour permettre aux auteurs et aux éditeurs d’être rémunérés lors de ces achats.

Justement, pour s’en assurer, la ministre compte saisir le Conseil d’Etat. L’idée c’est donc de mettre en place un "droit de suite aux droits d’auteurs". En l’intégrant, par voie gouvernementale, dans un texte sur le sujet déjà rédigé au Sénat. Concrètement, le produit de ces droits d’auteur sur le livre d’occasion serait reversé à un organisme de gestion collective, au bénéfice du soutien à la création.

Cette taxe concernerait donc toutes les plateformes de revente: Amazon, mais aussi la Bourse aux livres par exemple. Les acteurs de l’économie sociale et solidaire, comme Emmaüs, en sont exemptés. Les très petits commerçants d’occasion comme les bouquinistes des Quais de Seine à Paris pourraient l’être aussi.

Le Syndicat national des Éditeurs se dit même "satisfait" par une telle mesure. Il plaide d’ailleurs pour une taxe à hauteur de 30 centimes. Ils s’étaient déjà battus pour le prix unique du livre. Cette fois, le secteur veut régler une anomalie: les plateformes d’occasion proposent de plus en plus vite, au rabais, des livres à peine publiés. Dans une étude réalisée auprès d’environ 2.000 auteurs, 42% d’entre eux ont trouvé leur livre disponible à prix cassé dès le premier jour de parution.

Mais le cofondateur de La Bourse aux livres, leader dans la revente de livres d’occasion, lui, enchaîne les arguments. D’abord, cette taxe fragiliserait un secteur en pleine croissance, mettant en péril de nombreux emplois. La hausse répercutée sur le prix des livres serait ensuite un frein à la lecture pour les publics les plus précaires. Il rappelle aussi que la rémunération des auteurs est déjà incluse dans l’achat d’un livre neuf, alors ajouter une telle taxe pourrait ouvrir une brèche, sur tous les autres produits d’occasion.

Les livres d’occasions c’est aussi plus écologique. Un livre de seconde main acheté sur une plateforme française produit 3,5 fois moins de dioxyde de carbone qu’un livre neuf.

Alors, les opposants à cette taxe ont d’autres idées, notamment d'instaurer un délai minimum entre la publication d’un ouvrage et sa mise en vente sur le marché de l’occasion. L’idée d’une chronologie de mise en marché, sur le modèle du cinéma, c’est précisément ce que défend Michel-Édouard Leclerc. "Tout le monde y gagnerait", dit-il. En fin businessman, il trouve même qu’en terme marketing, "ça pourrait être malin !".

RMC

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