Taxes douanières: la Suisse pourrait éviter la catastrophe

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Les milieux politique, administratif et économique ont bon espoir que Donald Trump n’exécutera pas sa menace d’imposer des droits de douane exorbitants à la Suisse.

Au printemps, Donald Trump avait menacé d'imposer à la Suisse 31% de droits de douane (image d'illustration).
Le délai accordé aux gouvernements pour s’accorder sur de nouveaux droits de douane américains sous peine de sanctions commerciales prend fin mercredi prochain. Selon la «NZZ am Sonntag», les milieux politiques, administratifs et économiques suisses estiment toutefois presque à l’unanimité que notre pays devrait être épargné par une catastrophe douanière qui menacerait les exportateurs de fromage et les constructeurs de machines.
«Les Américains ont compris que la Suisse n'est pas le bon pays pour faire un exemple», estime ainsi Rahul Sahgal, directeur de la Chambre de commerce Suisse-États-Unis. Il se dit optimiste qu’un accord soit trouvé avant le 9 juillet. Et le ministre de l'Économie Guy Parmelin a déclaré samedi au journal « Le Temps » qu'il était « assez confiant » à cet égard.
Helene Budliger Artieda, directrice du Secrétariat d'État à l'économie (SECO), indique que le taux forfaitaire d'environ 10% imposé par les Américains pour la durée des négociations serait maintenu. C’est douloureux, mais toujours bien moins que les 31% de droits de douane que Donald Trump avait menacé d'imposer à la Suisse au printemps, estime-t-elle.
Cette annonce du SECO pourrait être interprétée comme une gestion habile des attentes visant à limiter la déception quant au prix d'un accord, commente le journal dominical. Toutefois, il paraît plus probable que Berne ait effectivement abandonné l'espoir de pouvoir réduire encore significativement le taux de 10%.
Néanmoins, les négociations avec Washington entrent dans une phase critique. Berne cherche désormais à obtenir des exceptions sectorielles, en particulier pour l’industrie pharmaceutique – principal secteur d’exportation vers les États-Unis. Selon le portail financier Bloomberg, les produits pharmaceutiques helvétiques – jusqu’ici majoritairement exempts de droits de douane – pourraient continuer de bénéficier d’un traitement de faveur. Une perspective saluée comme essentielle par les acteurs économiques.
Même en l’absence d’un accord final entre Berne et Washington d’ici à mercredi prochain, le régime provisoire des droits de douane pourrait être prolongé pour les pays considérés comme négociant «de bonne foi», note la «NZZ» am Sonntag» Cette souplesse permet au conseiller fédéral Guy Parmelin d’afficher un optimisme mesuré. Reste à espérer qu’aucun imprévu ne vienne faire dérailler ce fragile équilibre, conclut l’hebdomadaire alémanique.
Les entreprises suisses tournent le dos aux États-Unis et renforcent leurs liens avec l’Union européenne, selon l’étude «Swiss Managers Survey» de la ZHAW, menée en collaboration avec des chambres du commerce et des hautes écoles. Ses résultats, parus dans la «SonntagsZeitung», relèvent que 40% des dirigeants suisses ont une image plus positive de l’UE qu’il y a deux ans.
L’Europe devient ainsi le partenaire privilégié face à une Amérique jugée imprévisible. Et seuls 20% des entreprises suisses envisagent encore de délocaliser leur production aux États-Unis. La moitié des dirigeants interrogés jugent l’environnement américain trop instable. Et un quart des entreprises vont jusqu’à réduire leur dépendance des logiciels informatiques américains ou envisagent de le faire en réaction aux droits de douane imposés par le gouvernement Trump.
20 Minutes