Travailleurs sans-papiers : quatre chiffres pour comprendre la liste des métiers en tension

Par Benjamin Moisset (avec AFP)
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Un chantier face à l’aéroport de Nice, le 10 novembre 2021. SYSPEO/SIPA
Data Agriculture, aide à domicile, hôtellerie ou restauration : la liste actualisée des métiers en tension, permettant de régulariser des travailleurs étrangers, a été publiée jeudi au Journal officiel, après plusieurs reports. Elle concerne en tout 84 professions.
Pêcheurs, bouchers, couvreurs, infirmiers… En travaillant dans l’un des 84 métiers en tension qui viennent d’être listés ce jeudi 22 mai, les travailleurs étrangers pourront prétendre à un titre de séjour. La liste, désormais publiée au Journal officiel, est établie par régions de France métropolitaine, de la Normandie jusqu’en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Cette disposition, censée incarner le volet social de la loi portée par l’ancien ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, est applicable jusqu’à fin 2026. Elle doit permettre à des patrons ayant des difficultés à recruter de garder leurs employés et d’écarter le risque d’une condamnation. « Le Nouvel Obs » a dégoté quatre chiffres pour mieux la comprendre.
• Seuls 7 métiers en tension à travers toute la FranceSeulement 7 métiers en manque de main-d’œuvre se trouvent dans toutes les régions de France métropolitaine. Ce sont les agriculteurs salariés, les aides à domicile et aides ménagères, les cuisiniers, les éleveurs salariés, les employés de l’hôtellerie, les maraîchers et horticulteurs salariés et les viticulteurs et arboriculteurs salariés.
Au contraire, certains métiers sont recherchés dans peu de régions. 22 sont même prisées seulement dans une seule. C’est le cas des jardiniers (Corse), des géomètres (Normandie) ou des interprètes (Provence-Alpes-Côte d’Azur). Il faut aussi noter que certains métiers sont, par définition, réservés à certaines régions, comme les pêcheurs, uniquement dans celles côtières.
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Pour rentrer un peu plus dans les détails, il faut se pencher sur le top 10 des métiers les plus recherchés, hors des saisonniers, dressé par France Travail. En haut du classement, il y a les agents d’entretien de locaux (66 920 projets de recrutement), les aides de cuisine (61 270), les aides à domicile (53 210) et les auxiliaires de vies ou encore les aides soignants (50 380).
En comptant les saisonniers, c’est bien sûr les serveurs de cafés et de restaurants qui dominent la liste avec près de 110 000 projets de recrutements. D’où la réaction de Franck Trouet, délégué général du Groupement des hôtelleries et restaurations (GHR) : grâce à cette liste, « on reconnaît que l’hôtellerie-restauration, premier recruteur de France est un secteur en tension. »
• Jusqu’à 41 métiers recherchés en Île-de-FranceIl existe de grandes disparités dans la liste des métiers en manque de main-d’œuvre. D’un côté, voilà l’Île-de-France avec sa longue liste de 41 métiers en tension, suivie de près par la région Provence-Alpes-Côte d’Azur avec 39 filières. De l’autre côté, on retrouve surtout le Nord et l’Est de la France, avec la Bretagne (23 métiers), la Normandie (26) ou les Hauts-de-France (27).
• Entre 250 000 et 260 000 immigrés nécessairesSi cette fameuse liste était tant demandée, c’est que les besoins sont immenses. Le think tank progressiste Terra Nova a ainsi essayé de chiffrer les besoins de la France le 12 mai dernier. Selon leur note, entre 250 000 et 310 000 travailleurs immigrés par an doivent être accueillis dans les prochaines décennies pour pallier la demande des différents secteurs.
« L’immigration va se poursuivre, à un rythme important. Parce que la demande des Français pour le travail des immigrés est bien là », prévient ainsi Terra Nova dans sa note. Et de conclure : « C’est une nouvelle politique d’immigration qu’il faut imaginer. C’est aussi un débat politique nouveau sur le sujet qui doit s’engager ».
Par Benjamin Moisset (avec AFP)
Le Nouvel Observateur