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Un pactole à 1 128 milliards : les 500 Français les plus riches ont vu leur fortune multipliée par 14 en 3 décennies

Un pactole à 1 128 milliards : les 500 Français les plus riches ont vu leur fortune multipliée par 14 en 3 décennies

Où trouver 40 milliards d’euros, se demande François Bayrou. Parmi toutes les pistes possibles, on peut suggérer au Premier ministre de feuilleter le dernier numéro de Challenges. Le magazine a publié jeudi 10 juillet son traditionnel classement des 500 plus grandes fortunes de France. Dès les premières pages, on y apprend que depuis l’élection d’Emmanuel Macron, en 2017, le nombre de millionnaires en France est passé de 2 millions à 2,9 millions, faisant du pays « la championne du monde des millionnaires » titre le magazine. Dommage que l’hebdomadaire ne mette pas ce chiffre en rapport avec le nombre encore plus record de pauvres, qui frôle les 10 millions en France en 2023, en hausse de 650 000 sur un an…

Quelques pages plus tard, on arrive enfin au classement, et la très bonne idée de ce cru 2025 est d’avoir mis systématiquement ses données en perspective avec celles de 1996. Le résultat est édifiant, c’est simple, on dirait un rapport rédigé par Oxfam, l’ONG qui revendique de « mobiliser le pouvoir citoyen contre la pauvreté ». « En 1996, on comptait 16 milliardaires, ils sont aujourd’hui 145. Passé de 80 à 1 128 milliards d’euros, le patrimoine total des » 500 « a flambé, multiplié par 14 », a calculé l’hebdomadaire.

Et si on prend juste le top 10, c’est par 24 que leur fortune a été multipliée sur la période. Il y a un peu moins de 30 ans, la fortune des ultrariches représentait 6 % du PIB. C’était 42 % en 2024. En 1996, la famille la plus riche de France était les Mulliez (l’empire Auchan) avec 5,5 milliards d’euros de patrimoine, quand Bernard Arnault a culminé à 203 milliards en 2023, en baisse dette année, laissant la première place du podium à la famille Hermès, à la tête de 163,4 milliards d’euros. Cécile Duflot, directrice d’Oxfam France, tempérait le revers de fortune du groupe LVMH et de son patron : « Si on lui enlevait 99 % de sa fortune, Bernard Arnault resterait tout de même milliardaire. »

Challenge précise bien que la fortune des membres de son classement est « professionnelle ». Elle réside en effet dans la propriété de holding, qui détient elle-même des parts d’entreprises. Challenge le rappelle, à travers plusieurs entreprises familiales (Agache notamment), les Arnault détiennent 48 % de LVMH, ce qui constitue l’essentiel de leur fortune.

Selon le comité de la réforme de la fiscalité du capital, ces biens dits « professionnels » représentent au moins 66 % du patrimoine des 380 foyers les plus riches. Or, ces actifs ne sont pas imposés – ils ne l’étaient pas non plus par l’ISF – puisqu’ils ne constituent pas un « revenu » tel que défini par l’administration fiscale. Ainsi la famille Arnault s’est versé l’an passé 3,1 milliards d’euros de dividendes, qui ne seront pas taxés puisque conservés dans les holdings et que l’Europe a proscrit toute taxation entre sociétés mère – filles (ce qui n’est pas le cas aux États-Unis).

« Cela permet par exemple à des milliardaires de financer leur train de vie avec des prêts bancaires, donc toujours sans revenu, juste avec les garanties permises par leur patrimoine financier, c’est l’une des nombreuses techniques que permettent les holdings pour échapper à l’impôt », nous expliquait Layla Yakoub, responsable de plaidoyer justice fiscale et inégalités chez Oxfam. C’était tout l’intérêt de la taxe Zucman, rejetée le mois dernier au Sénat : son assiette inclut les biens professionnels.

Taxer les patrimoines professionnels apparaît d’autant plus urgent depuis qu’on a confirmation, suite à un rapport d’enquête sénatorial, que les aides d’État sous toutes leur forme aux entreprises ont coûté 211 milliards d’euros en 2023. « Nous sommes passés d’un État providence, au sortir de la seconde guerre mondiale, avec la Sécurité sociale, la retraite… à un État providence pour les grandes entreprises, » explique Maxime Combes.

« À chaque problème qu’elles rencontrent, elles réclament des aides : l’élection de Trump, une guerre en Ukraine, un aléa climatique, la nécessité de se décarboner… Elles prennent l’argent et s’opposent à toute conditionnalité et contrôle, et elles estiment en retour qu’elles ne doivent rien à la collectivité » déplore l’économiste, coauteur du livre Un Pognon de Dingue, mais pour qui ?.

L'Humanité

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