Une Varoise à Matignon pour valoriser les cheffes d’entreprise

Miss Var 2025. Sara Guillaume Zumbiehl peut désormais se prévaloir de ce titre. Au moins s’agissant du monde de l’entreprise. Sans écharpe ni diadème, cette Fréjusienne, habitante de Pourrières, est la lauréate départementale du concours "101 femmes entrepreneures". Les 16 et 17 juin derniers, elle représentait le Var à Matignon, avec cent autres femmes cheffes d’entreprise, venues de tous les coins de France, toutes reçues par le Premier ministre François Bayrou.
Une distinction qu’elle doit à la création de Foodelles, un programme scientifique qui fait le lien entre santé mentale et nutrition, disponible sous forme d’appli, et dont la force est de "prendre le contre-pied des régimes traditionnels, en se concentrant sur les dimensions psychologique, émotionnelle et comportementale". Objectif: apaiser la relation des utilisatrices avec la nourriture, sans promesse de perte de poids. "L’idée, précise la fondatrice, c’est que si on se sent bien face à son assiette, le poids se régule de lui-même pour aller vers le poids de forme, qu’importe que celui-ci corresponde à une taille 36 ou 42!"
Bien entouréeSi elle s’est entourée d’un comité scientifique composé de quatre médecins et d’une trentaine de praticiennes expertes pour construire un parcours voué à "en finir avec l’effet yoyo", Sara Guillaume Zumbiehl s’est aussi appuyée sur sa propre expérience.
Maman de deux fillettes âgées de 8 et 5 ans, la quadra connaît les affres des rapports difficiles – mais pas pathologiques – avec son corps et son alimentation depuis l’adolescence. "J’ai été cliente, assure-t-elle, de plusieurs applis de régime, mais les résultats n’étaient jamais durables. Parce que tout ce qui était proposé se concentrait sur le “quoi" (le poids) et pas sur le "pourquoi". »
Dans un secteur particulièrement concurrentiel, elle choisit donc de prendre la tangente. Littéralement.
Il y a deux ans, le grand sautCar jusqu’ici, l’itinéraire de Sara Guillaume Zumbiehl semblait tout tracé. Il y a plus de vingt ans, son bac en poche, la Varoise avait quitté la région pour des études parisiennes. D’abord en prépa lettres, puis en école de commerce. Diplômée de l’Essec, elle démarre sa carrière à Londres, dans le marketing digital chez BetClic. Deux ans plus tard, de retour en France, la jeune femme entre chez Cap Gemini Invent, la filiale conseil de l’entreprise. Elle y reste huit ans avant d’intégrer Agorastore, spécialiste du réemploi industriel.
"Ce sont ces patrons qui m’ont donné envie d’entreprendre à mon tour." Elle se lance il y a deux ans en quittant son poste. Ses travaux sur Foodelles démarrent fin 2023, l’appli est lancée tout juste un an après, en décembre 2024. Elle compte aujourd’hui quelque dix mille téléchargements, dans une version "freemium", c’est-à-dire gratuite à 70% et proposant des abonnements.
Montagnes russes et nouvelles cibles"Bien sûr, ça a été un peu plus les montagnes russes que dans un emploi salarié, confie l’entrepreneure, mais je me suis fait accompagner par des incubateurs qui m’ont permis de ne pas être seule."
La prochaine étape de développement de l’appli devrait conduire à son changement de nom, notamment pour élargir la cible aux hommes et pour pouvoir l’adosser à des acteurs de la santé mentale plus généralistes. "J’ai une vraie ambition pour mon entreprise que je veux voir grossir et devenir rentable!" Le coup de projecteur de "101 femmes entrepreneures" devrait y contribuer.
"101 femmes entrepreneures" comme autant d’ambassadricesLe ministère chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations organise, depuis deux ans, avec BPI France, le concours "101 femmes entrepreneures". Il s’inscrit dans le cadre du plan "Toutes et tous égaux". Chaque département de l’Hexagone est ainsi représenté, les lauréates devenant les ambassadrices de l’entrepreneuriat au féminin, afin d’inciter d’autres femmes à se lancer.
Outre la cérémonie en présence du Premier ministre – François Bayrou cette année, Gabriel Attal l’an passé –, les participantes bénéficient pendant 48 heures d’ateliers, de conférences, d’échanges pour développer leurs entreprises, tout en conservant leurs valeurs. Elles y engrangent contacts et conseils autour du financement, de stratégie commerciale ou encore de digitalisation de leurs entreprises.
L’an passé, c’est la Brignolaise Angélique Bodino, à la tête des "Bocaux d’aqui", qui représentait le Var.
Var-Matin