Violences sexuelles : des mineurs demandent à être mieux protégés sur les réseaux sociaux

Victimes ou témoins d’inceste ou non, ils viennent de partout en France : des centres-villes, de banlieue, ou d’outre-mer. Après s’être réunis depuis janvier une fois par mois à distance, ces jeunes ont présenté mardi leur rapport à la Haute-Commissaire à l’Enfance Sarah El Haïry, et à la ministre chargée du Numérique Clara Chappaz, ainsi qu’aux membres de la Ciivise. Après une conférence de presse, ils l’exposeront mercredi aux députés de la Délégation aux droits des enfants de l'Assemblée nationale.
« Protégez-nous des réseaux sociaux », « aidez-nous à aider les autres », « intégrez-nous aux dispositifs de prévention » et « améliorez l’écoute et l’accompagnement des victimes » : tels sont les principaux messages qu’ils se sont entraînés mardi, avec des acteurs associatifs (Cofrade, E-Enfance), à présenter aux décideurs politiques.
« Un adulte de 40 ans se crée facilement un profil de fillette »« Lorsqu’on s’inscrit sur un réseau, comme Instagram, il ne faut pas plus d’une minute pour recevoir un message privé d’un inconnu. Les jeunes acceptent car ils sont fiers d’avoir des abonnés. Or un adulte de 40 ans se crée facilement un profil de fillette pour approcher des jeunes », témoigne Côme.
« Ma cousine à sept ans a créé un lien amoureux avec une personne rencontrée sur un réseau social », poursuit un autre jeune. « Sur les réseaux on ne parle pas à n’importe qui », disent-ils dans le texte qu’ils ont préparé. Ces jeunes recommandent que l’envoi de messages privés ne soit possible qu'« à partir de 13 ans » et uniquement pour des personnes mutuellement abonnées.
Dans leur rapport, ils proposent d’attribuer des « labels aux plateformes répondant à certains critères de qualité » et d’interdire à celles n’ayant pas ce label d’ouvrir leurs services aux mineurs.
Trop tôt sur les réseauxLes risques de la cybercriminalité devraient être intégrés dans les programmes du « permis internet » et de « PIX », deux dispositifs utilisés dans l’Éducation nationale pour sensibiliser au numérique, que les étudiants jugent peu adaptés.
Leur rapport recommande un « seuil d’âge » pour l’accès aux réseaux sociaux, avec une « méthode de vérification d’identité respectueuse des données personnelles ». Ils confient y être allés eux-mêmes « trop tôt », souvent en début de collège. « Dans la classe de ma petite sœur, il y a des enfants de six ans qui ont des comptes TikTok », explique Léonie.
Une loi votée en 2023 prévoit que les mineurs de moins de 15 ans ne peuvent pas s’inscrire sur un réseau social sans accord parental. Mais elle n’est pas entrée en vigueur, dans l’attente d’une réponse de la Commission européenne sur sa conformité au droit européen.
Les jeunes veulent se formerPar ailleurs, c’est aux jeunes, plus qu’aux adultes, que se confient les victimes de violences sexuelles et ils voudraient être formés et soutenus pour pouvoir les écouter, conseiller et orienter vers des adultes « compétents et bienveillants ».
« C’est pendant les soirées, quand on est trois dans la cuisine et que l’alcool délie les langues, que ce genre de confidence sort », confie Léonie. « C’est massif, cela arrive souvent. » « Un ami m’a confié être victime d’inceste. J’ai été bouleversé et désolé de ne pas avoir été là pour lui plus tôt. Mais je ne savais pas vers qui l’orienter », confie un jeune qui a requis l’anonymat.
Ils recommandent un « permis de pair-aidance dédié aux violences sexuelles », adapté à chaque âge, de la primaire au lycée pour créer dans chaque établissement des « personnes repères » parmi les jeunes, formées.
SudOuest