Amélie Oudéa-Castéra et Didier Séminet : deux candidats pour deux visions du CNOSF

Il n'aura pas fallu attendre longtemps, moins de trois minutes sur les vingt de la présentation minutée de Didier Séminet pour que le président de la Fédération française de baseball softball lâche ses premiers coups contre son adversaire Amélie Oudéa-Castéra, ancienne ministre des Sports et des Jeux de Paris 2024, l'autre candidate à la succession de David Lappartient.
Le grand oral des deux prétendants, organisé lundi soir dans l'amphithéâtre du CNOSF et retransmis en direct sur Sport en France, a ainsi pris une tournure plus musclée quand l'ancien secrétaire général de Brigitte Henriques, présidente de 2021 à 2023, assurait que la Haute autorité pour la transparence de la vie publique ne s'était pas exprimée sur l'engagement de son adversaire dans cette course à la présidence.
Dans la foulée, Didier Séminet pointait les « contradictions » de l'ancienne ministre qui a elle-même signé la convention d'objectifs triennale du ministère avec le CNOSF, remise actuellement en cause par le Gouvernement et qui prive le mouvement sportif de 7 des 9,4 M€ inscrits dans le texte. « Il est à côté de la plaque », a réagi devant la presse Amélie Oudéa-Castéra, qui s'est exprimée en premier selon le tirage au sort. Elle a précisé que la HATVP lui avait donné un « feu vert explicite » et qu'elle serait soumise à son contrôle si elle est élue.
« Amélie Oudéa-Castéra est la dernière chance du mouvement sportif d'exister après l'extinction de la lumière post-Jeux Olympiques et Paralympiques »
Philippe Bana, président de la Fédération française de handball
Outre leur style bien différent, les deux candidats ont révélé, sans grande surprise, une vision elle aussi divergente de la gouvernance tout en insistant sur la nécessité d'un mouvement sportif fort. Car c'est bien sur leur capacité à peser face aux pouvoirs publics que les candidats sont jaugés par les présidents de fédération à l'heure où le ministère des Sports est régulièrement mis au régime.
« Amélie Oudéa-Castéra est la dernière chance du mouvement sportif d'exister après l'extinction de la lumière post-Jeux Olympiques et Paralympiques. La seule à avoir le réseau, la puissance, la combativité nécessaire dans les temps difficiles qui arrivent. La différence d'expertise dans le débat est criante », a réagi Philippe Bana, président de la Fédération française de handball qui a parrainé la ministre des Sports. Discours opposé du côté des partisans de Didier Séminet, à l'instar d'Eric Tanguy, président de la Fédération française de volley qui a trouvé le candidat « très bon (...) Il parle un langage que tout le monde comprend, celui des dirigeants, des bénévoles, pas technocratique et sincère ».
« Comment faire la fête quand on se fait considérer comme cela (après la coupe budgétaire du CNOSF). Je suis dans une colère saine »
Alors que Didier Séminet se verrait bien à la tête d'un comité national olympique comme en Italie, où le CONI tout puissant fait office de ministère des Sports, AOC préfère un « ministère fort et un CNOSF fort avec des maillons à tous les niveaux ». Didier Séminet, s'il est élu, envisage de ne pas participer à la fête du sport du 14 septembre, voulue par le président de la République après les Jeux et qui s'est traduite par la parade des champions sur les Champs-Élysées. « Comment faire la fête quand on se fait considérer comme cela (après la coupe budgétaire du CNOSF). Je suis dans une colère saine. Plutôt que la politique de la chaise vide, on pourrait se retrouver place de la République » a expliqué Didier Séminet.
« Boycotter la fête du sport, ce serait une double peine », a estimé pour sa part l'ancienne directrice générale de la Fédération française de tennis. Elle a souligné qu'elle allait « tout donner jusqu'à la dernière minute » dans cette campagne. Une réunion est ainsi prévue ce mardi autour de la candidate et de son binôme Cédric Gosse, président de la Fédération française de triathlon qui a retiré sa candidature pour la soutenir, au siège de la Fédération française de judo avec notamment les présidents du volley, du tennis, de la natation ou encore de l'équitation.
Conscient que les « grosses » fédérations penchent pour son adversaire, Didier Séminet a indiqué qu'il croyait en ses chances. « Il me faudra plus de fédérations qu'Amélie Oudéa-Castéra », a-t-il reconnu puisque le nombre de voix varie selon les fédérations. « Je pense que le score sera de 55 % contre 45 % mais je ne sais pas pour qui », a-t-il souri. Réponse le 19 juin lors de l'Assemblée générale élective.
L'Équipe