Attaquant et créateur de mode : Nkada, des buts et des fringues

Sur le terrain, Timothé Nkada n'est pas du genre à faire dans la dentelle. En dehors, il fait dans la couture. Le buteur de Rodez, décisif à vingt et une reprises en Ligue 2 cette dernière saison (17 buts, 4 passes), voit sa carrière décoller au même rythme que sa marque de vêtements.
Créée en 2019, HDV (acronyme d'Hygiène de vie) a depuis deux ans et demi sa boutique dans le centre-ville de Rennes, où l'attaquant a été formé de 2014 à 2019. « On est très contents du développement de la marque ! À terme, le projet est d'être connu partout en France. C'est un travail de longue haleine, on gagne du terrain petit à petit. »
L'histoire d'HDV a écrit ses premières lignes il y a presque six ans, à la signature de son premier contrat pro à Reims. « Je mûrissais cette idée dans ma tête depuis deux, trois ans. J'attendais de passer pro pour la lancer, car une bonne marque écoresponsable, ça coûte cher. Je voulais éviter d'avoir une pression financière pour privilégier la qualité du vêtement », dévoile celui qui a conçu de A à Z sa première collection.

Timothé Nkada commercialise des vêtements écoresponsables. (R. Frankenberg /L'Équipe)
Par leur style, ses pièces « semi haut de gamme » qu'il vêt fièrement tentent de « s'affranchir de l'image de marque de footeux ». Son concept ? « Un mélange de mon côté écolo et de mon côté fashion », résume-t-il, en touchant sa boucle d'oreille. Son enseigne « streetwear » au logo en forme de pot de miel valorise au maximum le circuit court : « On produit au Portugal et sur certaines pièces on fait du 100 % made in France dans nos ateliers rennais. On essaye de faire le plus local possible sur toutes les étapes de production. »
Comme au foot, « Tim », 25 ans, carbure à la passion. « Depuis petit, j'ai toujours aimé la sape, être bien habillé, créatif dans mes tenues... Je suis au quotidien les marques qui bossent bien », confie-t-il, en mentionnant Stockholm Surfboard Club, Aimé Leon Dore ou encore Marché Noir.
L'attaquant au crâne rasé, passé par Aalborg au Danemark et le FC Koper en Slovénie, a puisé une partie de son inspiration dans les pays nordiques. Si, là-bas, la mode n'est « pas très colorée », elle n'en a pas moins impressionné le footballeur. « Au Danemark, j'ai pris une claque ! Tu peux voir des mamans avec des pantalons larges qui tombent sur leur paire de chaussures. J'ai vraiment kiffé la façon dont ils s'habillent, la coupe de leurs vêtements... Les marques y sont très avant-gardistes. »
Diplômé d'un BTS Gestion d'Unités Commerciales, ce fan de NBA adore sa double casquette. Le week-end ? Il marque. La semaine, sa marque. « C'est mon projet coup de coeur. Au club, tout le monde sait que j'ai HDV. Mes coéquipiers ont déjà commandé des pièces. C'est ma bouffée d'oxygène, ça me permet de sortir la tête du foot », sourit l'entrepreneur.

La marque de Nkada emploie aujourd'hui sept salariés et a ouvert une boutique à Rennes depuis deux ans et demi. (R.Frankenberg /L'Équipe)
L'ex-international français des moins de 20 ans délègue néanmoins le gros du travail à ses sept salariés, mais téléphone quotidiennement à son associé. « Je m'occupe de tout, assure Enzo Jamoteau, le gestionnaire. Tim valide les grosses décisions. On lui laisse son énergie pour le foot en priorité. HDV, ça vient après. »
Si ces deux activités ne se chevauchent pas, elles s'influencent. « Plus ça va marcher pour moi dans le foot, plus la marque gagnera en visibilité. Et plus on aura de moyens, aussi », ambitionne le natif de Lille, qui rêve de faire ses débuts en sélection camerounaise, le pays d'origine de son père. Avec un maillot sur le dos ou un hoodie, Nkada garde le même objectif : « Continuer à évoluer, comme un Pokémon. »
L'Équipe