Attissogbe se fait une place
Difficile de ne pas remarquer Théo Attissogbé. Il bouge tout le temps, partout, aux quatre coins du terrain. Le genre turbulent, hyperactif, qui prend les ballons hauts à deux mains façon joueur de footy, rupture avec le style classique des bras formant un berceau : « Ça se retrouve beaucoup dans le rugby à 7 ou à 13. C'est une technique peut-être un petit peu différente de la classique, mais avec les nouvelles règles, l'absence d'escorte, maintenant, il faut essayer d'aller chercher les ballons de plus en plus haut. Donc j'essaie de me donner les moyens d'être présent sous chaque ballon, parce que je ne suis pas non plus le plus grand du circuit. J'essaie de trouver des parades. Je le travaille depuis le début de la saison avec plus ou moins de réussite, et j'ai le sentiment que depuis février, je commence à prendre de plus en plus confiance dans ce domaine. Je travaille aussi beaucoup avec Aaron Grandidier à Pau. Il vient du 7, donc on se challenge un peu en fin d'entraînement pour savoir qui va attraper le ballon le plus haut. Je pense que ça a pu m'aider aussi. »
Joueur du match à Dunedin, ont décrété les Néo-Zélandais, au tropisme d'ordinaire plus cocardier. Mardi, à la sortie d'une séance plutôt intense, au coeur du Jerry Collins Stadium où s'entraînent les Bleus, on n'a pas senti de surchauffe chez le Palois, détendu et loquace : « Je suis plutôt content de ma couverture de terrain à ce poste d'arrière. Je me suis senti plutôt à l'aise. C'est quand même un bon point quand on joue à ce poste. Après, il me reste pas mal de détails à régler, mais je pense que c'était de bon augure pour la suite. Il faut continuer à travailler, à bien étudier les Blacks pour essayer de répondre au maximum à ce qu'ils vont nous proposer. »
Et surtout, déjà, s'habituer à changer de poste. Survivant du premier test, il passera de l'arrière à l'aile droite, cédant le numéro 15 à Léo Barré : « Dès lundi, on a commencé à prendre nos repères lors de la première clarté (entraînement en marchant). On a pas mal de réunions aussi, on discute beaucoup. Et à chaque entraînement, on échange sur chaque situation. Après l'entraînement, on a encore discuté pour essayer de trouver le plus de repères en un minimum de temps possible. Mais je crois qu'on a cette faculté de réagir vite. Je pense que c'est aussi une qualité à avoir quand on est un sportif de haut niveau : s'adapter et être prêt à répondre à chaque situation. »
C'est une nouvelle tournée d'été sans les titulaires habituels, comme Bielle-Biarrey et Penaud dans les couloirs. Et pourtant, son nom revient en boucle, au point de prendre de plus en plus de place : « Dès que je suis sur le terrain, dès que j'ai le bonheur de porter ce maillot, je donne tout ce que j'ai, dit-il sans se poser plus de questions particulières sur son statut. J'essaie de donner le meilleur pour que mes performances me permettent de retoucher à ce maillot bleu. Et après, forcément, quand je me retrouve à l'arrière, il y a quand même une forme de leadership à avoir. Mais on est aussi hyper bien entourés, avec des fers de lance comme Gaël (Fickou) ou d'autres, qui nous forcent à nous mettre dans leur sillage. C'est plutôt intéressant de les suivre aussi. »
Après les louanges viennent souvent les comparaisons. Flatteuses, bien entendu. Pour Théo Attissogbé, ce sera Serge Blanco, selon les médias locaux. Né douze ans après le dernier match de l'icône du french flair aux Antipodes, le jeune homme (22 ans) appelle au calme : « Il faut quand même rester mesuré, mais c'est sûr que ça fait plaisir. Mais comme je l'ai dit, il faut vite re-switcher sur le réel, c'est-à-dire bien préparer ce match. Donc voilà, je me suis plutôt focalisé sur ma récupération, sur toutes les réunions qu'on a eues depuis le début de semaine pour bien préparer ce match, plus que sur ce qu'a dit la presse néo-zélandaise. »
« C'est un immense défi. Mais on vient ici pour gagner »
Son vis-à-vis Will Jordan, 42 sélections chez les All Blacks, lui avait aussi rendu hommage après le premier test. Poli, le renvoi d'ascenseur n'est toutefois pas surjoué : « Je crois qu'il est le cinquième meilleur marqueur des Blacks, alors qu'il est encore jeune quand même (27 ans). C'était assez impressionnant. C'est le profil de joueur que j'apprécie beaucoup. Il dégage beaucoup d'aisance sur le terrain, que ce soit ballon en main ou dans son jeu sans ballon. Il faut se préparer à jouer face à des joueurs de ce calibre, parce qu'il n'y a quasiment que des joueurs de ce niveau-là dans cette équipe néo-zélandaise. »
Des All Blacks face auxquels l'objectif n'est pas simplement de rivaliser : « On est venus en Nouvelle-Zélande pour ça : gagner. On sait que ça va être très compliqué. C'est la première ou la deuxième meilleure nation au monde. Forcément, c'est un immense défi. Mais on vient ici pour gagner. On a vu samedi dernier qu'on avait les billes pour le faire, même s'il faut quand même rappeler qu'il y a eu trois essais refusés. Reste qu'à la 76e, on est à -4. On est encore dans le match. Donc c'est sûr que ce week-end, l'objectif sera de gagner face à cette grande équipe des All Blacks. »
L'Équipe