« Avec nous, il n’y a pas d’ex aequo », on a suivi ceux qui gèrent les résultats des championnats de France d’athlétisme à Talence

Jusqu’au 3 août, le stade Pierre-Paul-Bernard de Talence accueille ses tout premiers championnats de France Élite d’athlétisme. L’équipe chargée de recueillir, de gérer et de diffuser les résultats y est au cœur de l’événement
« Si on n’était pas là, les championnats de France d’athlétisme pourraient avoir lieu, mais pas de la même manière, sourit Christophe Szydlowski. On prendrait encore les résultats avec des rubans et des chronomètres manuels. » De vendredi à aujourd’hui, ce quinquagénaire gaillard et souriant coordonne le travail de 14 techniciens à Talence. Une équipe en charge de tout ce qui relève de la quête et de la gestion des résultats. Lui-même prend en plus à son compte les données transmises aux télévisions en temps réel.

Laurent Theillet
Le public du stade Pierre-Paul-Bernard n’y fait pas forcément attention, mais l‘équipement sportif talençais est truffé de matériel pendant ces trois jours. « Des caméras, des écrans, des panneaux, des câbles, énumère Christophe Szydlowski. On est venus avec un semi-remorque complet, et il nous a fallu trois jours d’installation. »

Ch. L.
Ce matériel, c’est celui de la société Matsport, qui est déjà venue à Talence pour le Décastar. Il permet de chronométrer les courses avec une précision qui relève du millième de seconde, ou de départager des concurrents avec des caméras qui prennent 10 000 images par seconde. « Avec nous, il n’y a pas d’ex aequo. On répond à la montée en puissance des performances sportives mais aussi des enjeux économiques qui y sont liés. Quand des athlètes sollicitent des sponsors, ils ont besoin de pouvoir affirmer clairement qu’ils font partie des meilleurs. »

Ch. L.
Un maximum de précision dans les résultats et un minimum de temps pour leur affichage. Ça, c’est l’autre rôle de Matsport, qui utilise notamment le système IsoLynx : une technologie de collecte de données pendant les courses, grâce à des puces placées dans les dossards des athlètes. « Avec elle, on peut suivre l’évolution du classement en temps réel. C’est comme ça qu’on réalise les panneaux que vous voyez à la télé. »
« Savoir gérer son stress »Gérer l’ensemble de ces technologies, ça suppose de solides compétences en informatique, mais pas seulement. « Il faut aussi être électricien. On déroule du câble. On fait des soudures. Ici, avec la pluie lors de la première journée de compétition, on a aussi beaucoup travaillé à protéger nos réseaux de l’humidité. Mais les principales qualités pour faire ce métier, elles sont avant tout humaines. Il faut savoir gérer son stress. Quand on n’a que cinq minutes pour faire une réparation avant le début d’une épreuve, ce n’est pas dix. La télévision ne nous attend pas. »
Des qualités humaines aussi pour savoir vivre en équipe. À Talence, les journées vont de 9 heures du matin à 23 h 30. « On ne dort pas beaucoup. On ne mange pas beaucoup. Parfois, on ne mange pas. Et après, on enchaîne avec d’autres prestations. On part 150 jours par an. Il faut être capables de s’adapter les uns aux autres sur des périodes qui peuvent aller jusqu’à trois semaines. Mais on vit des moments forts. Avoir travaillé sur les championnats d’Europe d’athlétisme à Berlin, en 2018, ça reste un grand souvenir : des intervenants de nationalités différentes, 20 kilomètres de câble à dérouler, dans un stade de 80 000 places, mais on y est arrivés. » Effectivement, en comparaison, les 7 000 places du stade Pierre-Paul-Bernard, c’est presque un camp de vacances.
SudOuest