Comment les joueurs de l'OL vivent-ils les péripéties de l'été et les incertitudes liées au mercato ?
À Lyon, l'acronyme GOLTC (Groupama Olympique Lyonnais Training Center) sera bientôt synonyme d'îlot de sérénité au coeur d'un club soumis aux turbulences. Pendant que l'institution subit d'incessants remous depuis plusieurs semaines, les joueurs s'entraînent comme si de rien n'était. Ou presque. « Il y a une belle capacité d'adaptation », ironise un familier du vestiaire. La reprise était fixée au 7 juillet, deux jours avant le verdict de la commission fédérale d'appel de la DNCG (Direction nationale de contrôle de gestion), et les membres de l'effectif n'ont pas rechaussé les crampons en s'extirpant totalement du contexte.
Ils ont été nombreux à se porter au soutien de leur employeur en postant des messages ou des émojis sur les réseaux sociaux, avant le verdict ; nombreux aussi à exprimer leur soulagement lorsque le maintien en Ligue 1 a été prononcé, en début de soirée, le 9 juillet.
Ni plus ni moins. Ils ont appris, depuis leur arrivée à l'OL, à faire le tri. Et ils ont trouvé dans ce début d'été sous tension quelques éléments positifs. D'abord un groupe resserré et concerné. Parmi les 29 joueurs convoqués figuraient de nombreux jeunes (Barisic, Chaïb, Laaziri, Halifa, Himbert, Merah, Gomes Rodriguez, Molebe) mais aussi le défenseur central Adryelson, transféré depuis à Al-Wasl (Émirats arabes unis), ainsi qu'Orel Mangala (en reprise) et Ernest Nuamah (en soins).
Parmi les cadres du vestiaire, très peu ont la certitude d'être encore lyonnais à la reprise du Championnat, dans un mois, et encore moins à l'issue du mercato, le 1er septembre. Le groupe a déjà perdu trois éléments offensifs essentiels (Rayan Cherki, Alexandre Lacazette et Thiago Almada). Parmi eux, les deux premiers tenaient un rôle important dans la cohésion de l'effectif. C'est d'abord cette vie interne qui est à reconstruire, très vraisemblablement autour du fédérateur Moussa Niakhaté et de l'incontournable Corentin Tolisso, si ce dernier n'est pas incité à répondre positivement aux sollicitations de Manchester United, entre autres.
En attendant le premier match amical, samedi à huis clos face à Villefranche-Beaujolais (National), les retours de ce début de préparation sont plutôt probants. Même le vétéran Nemanja Matic (37 ans le 1er août), habitué aux séances raccourcies sous Pierre Sage, irait jusqu'au bout du programme quotidien, désormais. Malgré la situation tendue au sommet du club, malgré l'absence du moindre recrutement pour l'heure, le programme se déroule comme décidé en mai. La situation semble paradoxalement moins floue qu'il y a un an, quand l'actuel entraîneur de Lens avait retrouvé son équipe sans trop savoir sur quelles forces il pourrait s'appuyer en septembre, suspendu aux mercatos intrinsèquement inconstants de l'ère John Textor.
En 2024, l'OL avait réattaqué sa saison lesté d'un effectif pléthorique et d'un loft où finirait par figurer Cherki, juste avant sa réintégration après prolongation de contrat, dans la deuxième quinzaine de septembre. Le schéma tactique préférentiel n'était pas complètement établi, faute de visibilité sur les profils des arrivants. Cette fois, rien de tout cela. Paulo Fonseca sait très faible la probabilité de voir débarquer - au hasard - un nouveau Wilfried Zaha, dépourvu de motivation et non intégré au projet. Il a l'occasion d'évaluer la capacité des jeunes à intégrer la rotation, de cerner précisément les besoins.
L'entraîneur portugais est arrivé en janvier parce que Textor lui courait après depuis un moment. Avec la mise à l'écart de l'homme d'affaires américain, il a théoriquement perdu un appui important, qui lui a certainement sauvé sa place en mars après son dérapage front contre front avec l'arbitre Benoît Millot. La nouvelle gouvernance a aussi éteint tout espoir d'un recrutement clinquant. Mais il a aussi gagné une plus grande cohérence dans le fonctionnement. Et la certitude que sa coopération avec Matthieu Louis-Jean, le directeur sportif, ne sera pas polluée par des interactions intempestives. Dans l'OL du moment, tout le monde semble savoir exactement où se trouve sa place, et c'est déjà un sacré progrès.
L'Équipe