Euro féminin de foot : pourquoi les Bleues ne portent pas le brassard arc-en-ciel ?

Ecarté des terrains depuis plusieurs tournois, le brassard arc-en-ciel, interdit par la Fifa au Qatar 2022 et au Mondial féminin de 2023 en Australie et Nouvelle-Zélande, et absent de la compétition masculine de l’Euro 2024 (bien que l’UEFA l’autorise), a refait surface dans les stades à l’occasion de l’euro féminin de football 2025 qui se déroule actuellement en Suisse.
Parmi les seize pays qualifiés, neuf équipes se sont ainsi affichées avec le brassard arc-en-ciel (porté par leur capitaine), symbole d’inclusion et de solidarité avec les communautés LGBT+. Il s’agit de la Suisse, pays hôte de la compétition, ainsi que de l’Allemagne, l’Angleterre, le Danemark, la Finlande, l’Islande, la Norvège, le pays de Galles et la Suède.
La France ne fait donc pas partie des équipes qui affichent les couleurs de l’arc-en-ciel, qui symbolisent selon l’UEFA «une société plus juste et égalitaire, qui accepte tout un chacun, quel que soit son milieu, ses croyances, son genre et son orientation sexuelle». Lors des deux premiers matchs contre l’Angleterre et la Pologne, les capitaines Sakina Karchaoui et Grace Geyoro ont opté pour un brassard jaune fluo portant l’inscription «RESPECT».
Pour justifier ce choix, la Fédération française de football (FFF) évoque auprès de CheckNews un malentendu logistique. Selon son attachée presse, Laura Goutry, le staff de l’équipe de France féminine «n’avait pas spécifiquement reçu l’information qu’il était possible de porter ce brassard-là», proposé par l’UEFA aux équipes en lice. «Soit on est passés à côté de l’information, soit on ne l’a pas reçue», explique-t-elle, tout en assurant que cette absence «n’est en aucun cas un choix» délibéré. Lors de ses deux premiers matchs de poule des Bleues, leurs adversaires anglaises et galloises portaient à l’inverse le brassard arc-en-ciel.
Plus largement, la FFF souligne une différence d’approche culturelle : «La France, par nature, est un peu moins engagée sur ces questions-là que les Etats-Unis ou la Norvège», affirme la porte-parole. Contrairement à d’autres sélections féminines plus militantes, les Bleues ne prennent pas spontanément position sur les sujets de société. Elle promet toutefois qu’une discussion sera engagée avec les capitaines après la phase de poules, «pour leur proposer si elles souhaitent le faire ou pas.»
Les autres pays qui ne portent pas les couleurs de l’arc-en-ciel sont la Belgique, l’Espagne, l’Italie, les Pays-Bas, la Pologne et le Portugal.
A l’inverse, la décision semble s’être imposée naturellement en Allemagne. «Nous sommes ravies que cela soit possible» a déclaré la capitaine allemande, Giulia Gwinn, auprès du journal Bild. «Pour nous, cela ne fait aucun doute, il n’y a pas à discuter si l’occasion se présente. En tant qu’équipe, nous voulons transmettre ces valeurs à l’extérieur et nous sommes heureuses de pouvoir le faire sur cette scène.»
A noter que selon un décompte réalisé par le média Outsports, spécialisé dans l’actualité queer dans le sport, au moins 78 des 368 joueuses présentes à l’Euro de foot 2025 sont ouvertement LGBT+.
Libération