France - Pays-Bas : « Ma meilleure période », comment Peyraud-Magnin a trouvé l’équilibre dans le but des Bleues

La doyenne de l’équipe de France, opposée aux Pays-Bas ce dimanche (21h), vit sa quatrième compétition majeure comme titulaire. Remise en question, durement critiquée, la gardienne des Bleues a trouvé la paix et veut ramener ce premier titre à son pays.
Par Sébastien NietoToujours aussi franche, Pauline Peyraud-Magnin l’avoue : elle connaissait Lionel Letizi « de nom » mais c’est après « un petit tour sur Wikipédia » que la gardienne en a appris le plus sur son nouvel entraîneur. « Mon père te connaissait bien, sourit la portière en direction de l’ex-international français (4 sélections), assis à ses côtés en ce mercredi de la mi-juin, à Clairefontaine Je n’étais pas au courant de tout ton parcours. J’ai été très flattée qu’il ait accepté de nous rejoindre ».
Lionel Letizi, plus de 500 matchs au compteur entre Nice, Metz et le PSG, a intégré le staff de l’équipe de France féminine en décembre 2024, à la demande de son ami Laurent Bonadei. Avec le but très précis d’aider le néo-sélectionneur à choisir la numéro un des Bleues entre Pauline Peyraud-Magnin et Constance Picaud. La décision a été prise en février : « PPM » est la titulaire de la première partie du projet jusqu’à cet Euro 2025 en Suisse.
Mais une chose a marqué Lionel Letizi. « J’ai tout de suite remarqué un décalage d’image entre ce que je voyais durant les matchs et les commentaires que j’entendais, détaille le quinquagénaire. Je la trouvais performante et je voyais des retours très durs. Et le fait de la côtoyer me donnait plutôt raison. »
« Ah j’ai pris cher, répond la gardienne de la Juventus Turin, opposée ce dimanche aux Pays-Bas dans un 3e match de poule devant permettre aux Bleues, au bilan comptable parfait, de valider leur billet pour les quarts de finale. Je pense souvent de manière injuste. Mais je préfère que ce soit moi plutôt que d’autres ».
Pauline Peyraud-Magnin n’a jamais fait l’unanimité. Elle le sait, l’accepte. Quand Hervé Renard arrive à la tête des Bleues au printemps 2023, il hésite, teste Constance Picaud. Mais « PPM » est bien titulaire au Mondial australien. Puis aux Jeux de Paris 2024… jusqu’en quarts de finale, où elle est à nouveau suppléée. Quand Laurent Bonadei arrive, rebelote. Constance Picaud enchaîne mais Peyraud-Magnin finit par s’imposer.
Une trajectoire non linéaire, parfois pesante. « Il y a un peu ce syndrome de l’imposteur, glisse-t-elle. Je ne l’ai plus du tout aujourd’hui mais tu as cette envie d’être parfaite sur tous les aspects et ce n’est pas possible. Plein de fois, j’ai remis en cause ma légitimité. C’est quelque chose qui concerne la femme en général. Tu dois te battre plus pour te faire entendre ». Encore plus à un poste soumis à la comparaison incessante avec le football masculin.
« Pauline fait 1,75 m, Donnarumma fait 1,96 m et ils doivent garder la même cage. Il y a forcément une différence, ça ne sert à rien d’attendre la même chose », rappelle Lionel Letizi. « On nous demande beaucoup, enchaîne Peyraud-Magnin. Pied droit, pied gauche, relances longues, courtes… Il faut être fort sur sa ligne, dans les airs, sortir dans les pieds, il ne faut pas paniquer, gérer la profondeur. On a le poste le plus complet et aussi le plus critiqué ».
Dans une quête impossible de la perfection, la gardienne des Bleues a appris à « calmer le jeu », notamment grâce aux conseils de Lionel Letizi. « L’état idéal d’un gardien, d’une gardienne, c’est d’être concentré, déterminé mais relâché. Sans cela, c’est difficile sur la durée », estime l’ex-portier du PSG. « Aujourd’hui, je suis vraiment bien, rassure Pauline Peyraud-Magnin. Depuis un an ou deux, j’ai commencé à me dire que je faisais du foot, que c’était cool… C’est ma meilleure période ».
Doyenne des Tricolores du haut de ses 33 ans après les non-sélections de Wendie Renard ou Eugénie Le Sommer, Pauline Peyraud-Magnin a trouvé l’équilibre. La meilleure des nouvelles pour l’équipe de France, en quête de son premier titre majeur.
Le Parisien