« Il n'y aura plus d'effet de surprise » : Esteban Abadie attend des Blacks revanchards

« Quand on voit à quoi a ressemblé le premier test à Dunedin, dans un stade couvert, faut-il obligatoirement s'attendre, côté français, à beaucoup de quilles et de plaquages dans trois jours à Wellington ?Oui, un match de rugby quoi (sourire). Il va falloir s'adapter aux conditions (on annonce de la pluie et du vent). On s'attend vraiment à un match difficile. Ça s'est plutôt bien passé pour nous la semaine dernière. On a livré un très beau match, un match accroché. Mais je pense qu'il n'y aura plus d'effet de surprise vis-à-vis du groupe qu'on a annoncé et que les All Blacks vont vraiment avoir cet esprit revanchard.
L'effet de surprise, potentiellement, peut de nouveau exister puisque l'équipe de départ risque d'être modifiée en profondeur...Bien sûr, mais je pense qu'ils doutaient un peu de notre niveau affiché. En tout cas, c'est ce qui était ressorti dans la presse. L'effet de surprise dont je parle se réfère à ça.
« Je n'ai pas le profil d'un numéro 8 perforateur. Mais je vais jouer avec mes qualités, que ce soit la touche, la vitesse et l'abattage au niveau défensif et offensif »
Vous allez être titularisé à un poste de numéro 8 qui n'est pas vraiment le vôtre. Que vous demande le sélectionneur ? D'apporter votre super pouvoir en touche ? Votre sens du combat ?Il me demande simplement d'être moi-même. Je suis repositionné à un poste où je n'ai pas forcément l'habitude de jouer. Il m'a juste dit de jouer avec mes qualités, que dans le rugby moderne, tout le monde joue un peu à différents postes. C'est sûr que je n'ai pas le profil d'un numéro 8 perforateur. Mais je vais jouer avec mes qualités, que ce soit la touche, la vitesse et l'abattage au niveau défensif et offensif.
Il s'agit de votre deuxième sélection. Ressentez-vous une pointe d'appréhension ?Ma première sélection commence à remonter. C'était à l'avant-dernier Tournoi des Six Nations contre l'Italie à Lille et ça s'était soldé sur un match nul compliqué (13-13). Là, je ressens du bon stress, surtout de l'excitation et de la fierté. J'ai travaillé dur pour revenir ici.
Le quinze de départ qui semble se dessiner pour ce deuxième test n'affiche que 4,5 sélections de moyenne. Comment vit-on cela quand on est à l'intérieur ?C'est un peu un saut dans l'inconnu. La plupart des gars qui jouent ce week-end n'ont pas l'habitude du niveau international et ne savent pas trop à quoi s'attendre. Après, on a la chance d'évoluer dans un Championnat qui est peut-être le meilleur au monde. Là, ce sera un cran au-dessus mais les mecs ont répondu présent la semaine dernière. À nous de faire pareil samedi.
« Peut-être que même en faisant un match parfait, on ne gagnera pas. Mais ce qui est sûr, c'est que si on est en demi-teinte, ça ne passera pas »
Le rugby, ce n'est pas que sur le terrain. C'est aussi en dehors. On a un groupe qui vit très bien, un groupe jeune. Avec pas mal de gars présents ici en Nouvelle-Zélande, on se suit depuis tout petit. Et on a avec nous deux ou trois papas, Gaël (Fickou), Rabah (Slimani) et Tao (Romain Taofifenua) qui encadrent tout ça. Ce sont eux qui faisaient monter la moyenne des capes. Forcément, si deux d'entre eux ne jouent pas (Fickou et Slimani ne devraient pas être sur la feuille de match), ça baisse d'un coup.
Comment trouver des automatismes en si peu de temps avec Pierre Bochaton et Jacobus Van Tonder, vos compères de la troisième-ligne ?Ce sont des mecs que je ne connais pas trop. On s'affronte en Championnat mais personnellement, on ne se connaît pas bien. On apprend à se connaître depuis une ou deux semaines maintenant. On a des qualités similaires qui font qu'on va pouvoir envoyer du jeu, se déplacer vachement et essayer d'enchaîner les tâches.
Il est possible que les All Blacks alignent Ardie Savea en numéro 8 samedi. Ce duel, ça vous inspire ?Ben oui, ça fait rêver. Franchement, ça fait rêver de jouer contre des joueurs comme ça. Et ça te pousse à donner le meilleur de toi-même. Tu as envie de te sublimer. Et c'est ce qui s'est passé la semaine dernière. Jouer contre les Blacks, surtout chez eux, c'est un rêve de gosse. De toute façon, si tu n'es pas à 200 %, si tu ne sors pas ton meilleur match, en aucun cas, tu ne pourras prétendre gagner. Or, c'est clairement notre objectif. Gagner. Peut-être que même en faisant un match parfait, on ne gagnera pas. Mais ce qui est sûr, c'est que si on est en demi-teinte, ça ne passera pas.
Est-ce que comme Savea vous pourriez vous fendre d'un petit jeu au pied par-dessus ?(Il rigole). Oui, oui, si je veux finir au frigo jusqu'à la fin de ma carrière. »
L'Équipe