«Je n’ai rien fait d’extrême» : Pauline Ferrand-Prévot se justifie sur sa perte de poids pour remporter le Tour de France

Dimanche soir, toute la France était à la fête. Pauline Ferrand-Prévot venait de mettre fin à près de quatre décennies de disette, remportant dans les Alpes les deux dernières étapes du Tour de France et le classement général avec. Mais derrière sa victoire franche et sans contestation, un petit vent critique se faisait entendre. En cause : la perte de poids spectaculaire de la championne olympique de VTT pour pouvoir performer sur la Grande boucle – elle indiquait avoir perdu quatre kilos en deux mois et la différence se voyait à l’œil nu.
Sans jamais la citer directement, plusieurs coureuses avaient évoqué le mauvais exemple envoyé aux filles qui regardaient le Tour. A commencer par Cédrine Kerbaol, 8e du classement général et qui a une formation de diététicienne. «Ce qui se passe, c’est que quand on a des personnes qui réussissent [en étant très maigres], elles vont être regardées par les autres et elles deviennent des modèles inconsciemment, expliquait-elle à Libé. Forcément, on arrive sur des dérives avec des personnes qui pensent que c’est la vérité absolue et que c’est comme ça qu’il faut faire pour être performant.» Si la course à la maigreur permet de gagner quelques précieuses secondes en montagne (on parle de vingt à trente secondes par kilogramme sur une longue montée), elle peut aussi mettre en danger la santé des athlètes. Beaucoup de coureuses, trop maigres, n’ont par exemple pas leurs règles, ce qui peut poser des problèmes plus tard de fertilité et fragiliser les os, raconte encore Kerbaol.
En conférence de presse après son sacre, puis dans une story Instagram partagée lundi, Pauline Ferrand-Prévot a reconnu avoir reçu «beaucoup de messages» sur les réseaux sociaux au sujet de son poids venant de personnes qui disaient qu’elle n’était «pas un bon exemple pour les jeunes». La coureuse de l’équipe Visma-Lease a bike s’en est défendue : «Chacun se prépare comme il le souhaite. Pour Roubaix, j’étais beaucoup plus lourde, car je savais que je devais être plus lourde pour avoir de la puissance sur le plat. […] Pour cette course, je savais que je devais grimper pendant une heure et demie sur le col de la Madeleine et j’ai essayé d’en tirer le meilleur parti. Il faut s’adapter au terrain qui s’offre à vous.»
La Française a ensuite assuré n’avoir «rien fait d’extrême» et avoir été encadrée par une nutritionniste de son équipe tout le long de son régime pour s’assurer d’avoir «encore de l’énergie après neuf jours de courses». «C’est un sujet délicat. […] Je sais que ce n’est pas 100 % sain et je ne vais pas garder indéfiniment mon poids actuel. C’est juste pour le Tour de France. C’est aussi mon travail d’être la meilleure possible. Nous savons que c’est un sport d’endurance, et pour grimper, il faut avoir un nombre de watts [puissance] par kilogramme. J’ai fait ce choix, j’ai travaillé dur pour y arriver», explique encore Pauline Ferrand-Prévot, appelant les parents des enfants qui ont regardé la course à leur expliquer qu’elle faisait ça pour le Tour de France mais qu’elle n’est pas toujours comme ça.
Egalement interrogée sur son poids en conférence de presse à la fin du Tour, sa principale rivale, la Néerlandaise Demi Vollering (deuxième du classement général), avait critiqué indirectement la maillot jaune : «Je pourrais perdre du poids aussi, mais je ne veux pas être extrêmement maigre. […] Je suis fière de mon poids et je veux être un bon exemple. J’espère être à l’avenir capable de gagner à nouveau avec ce poids pour montrer aux filles qu’on n’a pas besoin d’être super maigre pour le faire.»
Libération