Le Tour de France a retrouvé sa Normandie : comment Caen, Bayeux et Vire se préparent à faire la fête

Loïc Jamin fait une promesse. « En 1929, les coureurs du Tour de France avaient été bloqués dans la rue principale de Bayeux par la caravane du cirque Pinder et ses animaux. Cette année, on fera mieux. » Le maire adjoint de Bayeux chargé de l’attractivité et du tourisme se prépare à deux jours exceptionnels les 9 et 10 juillet, avec le retour du Tour de France dans le Calvados. On n’avait plus vu passer l’épreuve en Normandie depuis 2016. Dès le 8 juillet au soir, Caen ouvrira le bal avec l’arrivée des installations du Tour (en provenance de Rouen), à la veille du contre-la-montre de la 5e étape.
Un circuit de 33 km « qui montrera les atouts de Caen : le port, le château, l’université et arrivera près de notre poumon vert de la Prairie (l’hippodrome, NDLR) », sourit d’avance le maire Aristide Olivier. Entre le départ et l’arrivée en cœur de ville, une boucle dans la plaine au nord-est de la ville millénaire.
En cette année 2025 de 1000e bougie, le Tour est une cerise sur un gâteau que Caen veut spectaculaire. « Nous avons travaillé avec l’organisation pour mettre en valeur notre patrimoine par les images », assure l’édile, rappelant que la Grande boucle est diffusée dans 190 pays.
Le format de contre-la-montre se prête d’ailleurs très bien à cet effet vitrine. « Quand le Tour nous a appelés pour nous dire que, non seulement, le départ était à Caen, mais aussi l’arrivée, pour un contre-la-montre, on était plus que contents. »
Avec des passages de coureurs pendant tout l’après-midi, cela vaut bien les 600 000 € de budget (tout compris, dont le « ticket d’entrée » estimé à un peu moins de 300 000 euros) et le casse-tête logistique à prévoir, avec de lourdes restrictions de circulation.
« C’est un dispositif de sécurité très particulier, glissent le maire et le préfet. C’est d’une autre dimension que l’inauguration du Millénaire (20-22 mars, 150 000 personnes) ou sa grande parade (9 mai, également 150 000 personnes). » Caen se prépare à une nouvelle fête populaire, agrémentée d’animations dès le 8 juillet au soir.
Ce contre-la-montre autour de Caen sera retransmis du côté de Bayeux, ville départ de la 6e étape, le 10 juillet. « On fera un before dès le 9 avec la diffusion de la 5e étape, d’un film autour du vélo, l’installation d’un village départ et plusieurs animations autour du cyclisme. On veut vivre l’ambiance du départ », se projette Martin Burger, directeur éducation et sport à Bayeux.
La ville a déjà connu sept passages du Tour mais « être ville départ est une première. Et c’était plus intéressant pour nous qu’une arrivée car cela aurait nécessité beaucoup de travaux », ajoute Loïc Jamin. Le maire témoigne « d’une ferveur inédite » autour de l’événement, qui ne devrait pas retomber malgré le départ des coureurs pour la deuxième plus longue étape de l’épreuve.
En effet, « la fête continuera dans la partie basse de la ville », avec la retransmission d’une course qui pourrait devenir incandescente si Kevin Vauquelin, le jeune espoir local et tricolore, venait à se faire remarquer. Bayeux n’aurait d’yeux que pour son poulain…
Cette longue 6e étape (201 km) traversera 26 communes. Dans un département du Calvados qui célèbre le vélo cet été, l’effervescence s’annonce totale. Et il faudra s’attendre à du spectacle tout au long d’une route émaillée de côtes, tracée par… un authentique Virois, Thierry Gouvenou, responsable du parcours du Tour.
Un clin d’œil supplémentaire à Vire, théâtre de l’arrivée. La dernière fois, c’était en 1997, pour un sprint. Cette fois, ce sera un sommet de l’avenue d’Atlacomulco, charmante côte à 10 % de pente en moyenne. « Les champs seront des tribunes naturelles », se félicite la maire de Vire-Normandie Nicole Desmottes.
Dans la capitale du bocage, les animations démarreront aussi la veille et se poursuivront le soir, tandis que les équipes du Tour se prépareront à rejoindre la Bretagne. Le final de l’étape sillonnera la très étendue commune nouvelle. Une formidable opportunité pour la maire : « On ne sait pas toujours bien mettre en valeur notre patrimoine, notre culture, notre gastronomie et nos atouts. Le Tour, c’est une occasion de montrer une belle image ».
Tout le monde joue le jeu : plusieurs entreprises s’immobiliseront le 10 juillet pour libérer le personnel et quelques parkings. Caen, Bayeux et Vire espèrent déjà des retombées économiques (deux à trois euros de retombées pour un euro investi, selon des études), un feu d’artifice sportif et une fête populaire inoubliable.
Le Parisien