Les Bleues bredouilles à l’Euro féminin de basket : trois pistes pour expliquer le fiasco

« Beaucoup de tristesse », « grande déception », énorme désillusion », « pas joué en équipe »… Voilà les expressions qui sont revenues le plus souvent dans la bouche des tricolores ce dimanche après la lourde et amère défaite (54-69) dans la petite finale de l’Euro contre l’Italie. « Je suis dégoûtée, il n’y a pas vraiment de mot pour l’exprimer, si ce n’est du dégoût et presque du regret, de pas avoir saisi cette opportunité. On ne peut que s’en vouloir » résume l’ailière Migna Touré.
Quels mots choisir de notre côté quand on les regarde de l’extérieur : échec ou fiasco ? Les deux collent au bilan de l’équipe de France féminine de basket qui rentre de l’Euro sans médaille dans la valise.
Pour la première fois depuis 2007, les Bleues repartent bredouilles d’un Championnat d’Europe. C’est la fin d’une série de 8 médailles consécutives. C’était tellement devenu une habitude que le choc est violent. Les vice-championnes olympiques certes privées de beaucoup (trop ?) de cadres se sont noyées dans les eaux du port du Pirée. « On a failli, on n’a pas mis les ingrédients nécessaires. Nous sommes passés à côté du rendez-vous » constate le sélectionneur Jean-Aimé Toupane.
Dans un peu plus d’un an, le nouveau rendez-vous qui attend l’équipe de Jean-Aimé Toupane, que cet échec ne semble toutefois pas fragiliser, sera une Coupe du monde à la fin de l’été 2026 en Allemagne. « On apprend beaucoup plus quand on perd que quand on gagne et on va chercher à rebondir. On va être dans une analyse sans concession de notre préparation, la manière dont on est arrivé ici, voir tout ce qui n’a pas fonctionné »dit le DTN Alain Contensoux.
Au Mondial, la France devra faire mieux, montrer autre chose, revenir à la réussite des Jeux avec une opposition encore plus relevée qu’en Grèce. «
En attendant, comment analyser cette déroute inattendue ?
Elle s’explique d’abord par les absences même si cela faisait partie du contrat. Jouer un Championnat d’Europe sans ce qu’on a de meilleur en magasin, forcement, ça complique les choses.
Gabby Williams, Marine Johannès, Dominique Malonga retenues par la WNBA et Marine Fauthoux blessée durant la préparation ont raté le rendez-vous. On peut discuter à l’infini des raisons, bonnes ou mauvaises, de celles qui sont restées aux États-Unis. En tous les cas, c’est la nouvelle donne du basket féminin international et il faut composer avec. C’est la WNBA qui dicte ses règles et tout le monde s’adapte.
En 2026, la Coupe du monde aura lieu en septembre, au moment des playoffs de la ligue américaine. Si des Françaises sont concernées, pas sûr qu’elles traversent l’Atlantique cette fois encore.
C’est pourtant le premier enseignement de cet Euro loupé : la France a besoin de toutes ses joueuses et de toutes ses forces pour briller.
Le deuxième souci vient aussi du niveau du basket féminin international. Avant la demie contre l’Espagne, hormis un premier match tendu contre la Turquie en ouverture de tournoi, la France a tout écrasé depuis la finale des Jeux.
Pour se qualifier, elle a battu des records de points et d’écart contre l’Irlande ou Israël. Au Pirée, la Suisse ou la Lituanie n’ont pas pesé lourd non plus.
Depuis les JO, le parcours a été trop simple contre des adversaires trop faibles. Quand la pente s’est élevée avant d’atteindre le sommet, les Bleues n’ont pas su être à la hauteur parce qu’elles ont perdu l’habitude des matchs à haute intensité. C’est un vrai problème mais pour le coup, celui-ci n’est pas de leur faute.
Elles sont en revanche responsables de la troisième explication. Aussi bien contre l’Espagne que contre l’Italie, deux adversaires à sa portée, la France a perdu tout ce qui fait sa force : aussi bien son adresse doublement catastrophique que son jeu intérieur, sa dureté et au final, sa confiance. La France s’est délitée et s’est retrouvée sans solution.
À qui mettre ce constat sur le dos ? Au staff qui n’a pas trouvé la formule pour s’adapter puis rebondir en fin de tournoi ; à la jeunesse d’un groupe inexpérimenté à ce niveau ; aux joueuses dans leur ensemble qui n’ont pas su oublier la cruelle déception d’une demi-finale ratée et qui vont passer quelques nuits blanches à ruminer. « On assume tout, reprend Toupane. On va essayer d’assumer ensemble et de trouver des solutions pour la suite ».
L’échec des filles est aussi une situation à méditer pour l’autre équipe de France, celle des garçons. Elle aussi jouera son Euro fin août-début septembre sans plusieurs de ses vedettes (Wembanyama, Gobert, Fournier).
Ils viennent de se rappeler qu’il ne suffit pas d’avoir une médaille d’argent olympique pour monter sur le podium d’un Championnat d’Europe qui suit. « On espère que les filles vont nous montrer le chemin » pronostiquait Boris Diaw le manager des Bleus vendredi avant le duel contre l’Espagne. Un chemin mais pas celui-là car ce n’était pas le bon.
Le Parisien