Masevaux-Niederbruck. Le tir sportif compte de plus en plus d'adeptes parmi les femmes

Dans l’univers hautement masculin du tir sportif, les femmes se font une place de plus en plus importante, comme le montre le nombre de pratiquantes qui ne cesse d’augmenter en France. Un engouement qui se reflète dans les effectifs de la Société de tir de Masevaux, où l’on vient de franchir un cap important, avec 30 % de femmes licenciées, « soit trois fois plus que la moyenne nationale », se réjouit Loïc Ueberschlag, vice-président et trésorier. « Cela fait de nous le premier club du Haut-Rhin à atteindre ce chiffre, et le cinquième en Alsace. Nous réunissons aujourd’hui 15 femmes et 35 hommes. »
Comment expliquer cette adhésion ? On peut en avoir une petite idée en se promenant entre les pas de tir, en ce samedi après-midi, alors que s’entraînent plusieurs membres du club, dont des femmes. Parmi elles, Clarisse Pouthier, une assistante d’éducation de 47 ans venue de Thann. Pistolet 22 LR (long rifle) en main, elle vide avec précision le chargeur de son arme, prêtée par la société de tir, sur une cible installée à 25 mètres de là. « J’ai commencé le tir sportif il y a un an et demi, confie-t-elle. Mon compagnon avait entendu parler du club, j’ai donc profité du tournoi ouvert à toutes qu’ils organisent chaque année pour Octobre rose, et je suis venue essayer. J’ai tout de suite accroché. »

Margaux Mourguet, 17 ans, s’exerce au pistolet à plomb sur 25 m. C’est son premier jour à la Société de tir de Masevaux. Photo Stéphane Cardia
Clarisse Pouthier, qui est également secrétaire du club, ne tarit pas d’éloges sur une discipline qui demande une grande concentration, mais aussi une maîtrise parfaite de sa respiration. « On a l’image d’un sport réservé aux hommes, mais les femmes sont tout aussi capables de précision. Je dirais même que les femmes sont avantagées, puisqu’elles peuvent être plus posées, là où un homme sera peut-être plus impatient. »
À ses côtés, Margaux Mourguet, 17 ans, participe ce jour-là à sa première séance de tir. La jeune masopolitaine suit ainsi une tradition familiale : son grand-père fut autrefois président de la société de tir et son père y pratique encore. « J’ai fait du tir à l’arc par le passé, mais j’avais vraiment envie de venir essayer le tir sportif », avoue la jeune femme, qui manie avec dextérité un pistolet à plomb, arme prêtée par le club aux personnes qui débutent dans la discipline. « Elle a du potentiel », souligne Loïc Ueberschlag en découvrant le résultat des tirs sur les cibles. « Ce n’est guère étonnant, car les débutants peuvent aussi être très bons, en particulier chez les femmes. »
Est-ce à dire que ces dernières sont plus douées que les hommes, dans un sport qui véhicule pourtant une image très masculine ? « Elles sont clairement très performantes. Elles respectent mieux les consignes, posent plus de questions. Elles ont moins besoin d’être encadrées que les garçons », estime le vice-président.

Marie Beltzung, 28 ans, s’exerce au tir à la carabine sur 50 m avec l’arme de son grand-père. Photo Stéphane Cardia
Dans le bâtiment d’à côté, Marie Beltzung, 28 ans, s’exerce au tir à la carabine à plomb sur 50 m. La jeune bibliothécaire manie l’arme de son grand-père, remise en état par les membres de la société de tir. « Il était agriculteur, il l’utilisait plus pour tirer sur des souris que sur des cibles », plaisante-t-elle. Marie Beltzung a commencé le tir sportif en 2024, après être venue aux portes ouvertes de la société de tir avec une amie. « Ça faisait longtemps que je voulais pratiquer ce sport, que je trouve très intéressant. Ici, on peut essayer différentes armes, échanger avec les autres membres du club, tout ça est très enrichissant. Et la pratique du tir m’apporte beaucoup en termes de précision et de concentration, ça permet de faire le vide en soi, de décompresser, de se changer les idées. »

On vérifie les tirs sous œil du vice-président de la société de tir, Loïs Ueberschlag. Photo Stéphane Cardia
Afin d’inciter les femmes à franchir le pas et à essayer le tir sportif, le club organisera le 5 octobre un tournoi 100 % féminin ouvert à toutes. « Il n’y a pas d’âge pour pratiquer ce sport, nous avons dans nos effectifs des pratiquantes âgées de 11 à 51 ans, de tous les milieux », souligne Loïc Ueberschlag. « Notre but, c’est de promouvoir ce sport auprès des femmes, de les encourager à oser franchir le pas. Pour elles, pratiquer le tir sportif, c’est possible, et en plus, c’est passionnant. »
L'Alsace